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19/12/08 | Ivan Rioufol |
La
France « réac » se réveille ! Tendre l'oreille: quand les Français disent vouloir préserver leur dimanche, s'interrogent sur la faillite de l'école ou sur l'injonction au métissage, ils parlent d'eux-mêmes. Ils s'inquiètent, oui, de leur identité, de leur culture, de leur cohésion. Autant de sujets "de société" dont Jean-François Copé, président de l'UMP à l'Assemblée, admet qu'ils ont été négligés. La violence de la crise révèle la fragilité de la nation, qui ne se contente plus d'ambitions matérialistes et consuméristes. Le pouvoir entend-il ces pressentiments ? Le débat sur le maintien du dimanche férié, lancé par une poignée de députés contestant le projet libéral de Nicolas Sarkozy, révèle l'emprise du nouveau conservatisme, ce mot que ne veut pas entendre le chef de l'État. C'est la mémoire d'un pays catholique qu'ont choisi de préserver des élus de la République en votant, mardi, un compromis n'autorisant que des ouvertures limitées le 7e jour. La France deviendrait-elle culturellement "réac" ? Même l'Église timorée n'hésite plus à hausser le ton. L'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, juge "malsaine" une société uniquement construite sur le travail et le commerce. "Une société qui n'a pas de repères dans le temps est une société qui se déstructure (...) Que ce repère soit le dimanche dans un système de culture chrétienne, c'est tout à fait normal..." (RTL, 12 décembre). Le plus drôle est d'observer les bouffeurs de curés défendre le "jour du Seigneur". "Nos dimanches, c'est sacré", titrait en une, mercredi, L'Humanité. Cet attachement à un héritage n'est pas un fait isolé. Quand les sondés se disent favorables à la pérennité du secrétariat aux Droits de l'homme, que Bernard Kouchner trouve soudainement inutile, ils rappellent aussi leur attachement aux valeurs issues des Lumières, dont la laïcité est le socle. Face au risque d'effondrement culturel d'une société amnésique, que décrit bien Paul François Paoli (La France sans identité, AutresTemps éditions), voilà des éléments qui font espérer le sursaut d'un vieux pays refusant de disparaître. Une anecdote: ces jours-ci, des reportages audiovisuels montraient des familles d'Ardèche ou de Corrèze, coupées du monde et de son confort à cause de la neige, qui affirmaient se plaire à vivre, un temps, sans télévision et à redécouvrir la "convivialité". C'est ce besoin nouveau de se retrouver et de prendre un peu de distance avec une modernité devenue folle qui semble vouloir émerger, ici et là. Cette quête de sens, exacerbée chez les jeunes, attend des réponses politiques. Ivan Rioufol
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