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5/10/11 | Ivan Rioufol |
L’immigration de masse est un non-sujet pour les politiciens ! Le troisième et dernier débat des primaires socialistes s'achèvera, ce mercredi soir, sur un tour de force : l'évitement de la crise identitaire, qui est pourtant au cœur des inquiétudes de nombreux Français. Les thèmes de ce soir seront la retraite, l'éducation, les services publics. Le bouleversement de la société et de son destin, causé par une immigration de peuplement et la survenue de l'islam, aura été imposé depuis trente ans par des dirigeants, de droite et de gauche, indifférents à l'avis des citoyens. Les six prétendants à l'Elysée ont à nouveau appliqué cet inexcusable abandon de la démocratie, avec l'aval des médias qui n'ont pas jugé utile de les interroger sur ces sujets, si ce n'est à la marge et très brièvement lors du deuxième débat. S'il est un domaine où la démission des élites "progressistes" se confirme, c'est bien celui ayant trait à la préservation du pacte social, de l'unité nationale et de la laïcité républicaine. Excusez du peu. Cette lâcheté discrédite, en l'occurrence, les socialistes. D'autant que Le Monde de ce mercredi fait état d’une enquête du politologue Gilles Kepel et de cinq chercheurs qui, après s'être immergés à Clichy-sous-Bois et Montfermeil (Seine-Saint-Denis), y reconnaissent l'emprise culturelle et religieuse de l'islam, devenu la référence de substitution à la République. A dire vrai, cette constatation d'une évidence ne surprendra que ceux qui ne voulaient rien voir de la contre-société apparue dans les banlieues musulmanes, et de la "fracture identitaire" (décrite par votre serviteur dès 2007 dans un livre paru chez Fayard) née de phénomènes de repliements et de rejets de la République, à commencer par l'Ecole. Kepel, qui constate que le référent religieux s'est "renforcé et diversifié", rend la France responsable de ce processus, en lui attribuant l'échec de l'intégration de l'islam. L'explication convenue est évidemment bien courte. C'est à un journaliste américain, Christopher Caldwell, que l'on doit le livre le plus lucide et le plus complet écrit sur ces sujets défendus que sont l'immigration et l'islam (Une révolution sous nos yeux, comment l'islam va transformer la France et l'Europe, Editions du Toucan, préface de Michèle Tribalat). Paru en 2009 aux Etats-Unis, aucun grand éditeur français n'a voulu l'endosser, ce qui donne une idée de l'étouffoir qui pèse sur le débat public. Pour Caldwell : "L'immigration de masse en Europe et la consolidation de l'Islam sur le continent sont en train de changer la vie européenne de manière irréversible". Il ajoute : "Le problème fondamental de l'Europe avec l'Islam, et avec l'immigration en général, c'est qu'en Europe les communautés les plus fortes ne sont, culturellement parlant, pas du tout européennes (...) Il est sûr que l'Europe sortira changée de sa confrontation avec l'Islam. Il est bien moins sûr que ce dernier se révèle assimilable". Pour ma part, je pense qu'il est encore temps de réagir. J'aborderai ce thème dans un essai à paraître en janvier aux PUF. Mais il y a une urgence qui ne peut admettre de voir les politiques s'enfouir à nouveau la tête dans le sable. Ivan Rioufol
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