www.claudereichman.com |
A la une |
12/4/12 | Ivan Rioufol |
« La France silencieuse » a pris la parole sur Internet ! Internet, ce forum où les débats ont lieu, s'est durablement installé dans la vie de la cité. Il donne un sérieux coup de vieux au monde étriqué de la politique, qui tremble encore à l'idée d'aborder des sujets interdits par la pensée conforme. Un sondage, publié mercredi par Le Figaro, fait ressortir que le Web est devenu la deuxième source (40%) d'informations politiques, après la télévision (74%), mais avant la radio (34%) et la presse écrite nationale payante (10%). Facebook et ses 22 millions d'utilisateurs sont devenus acteurs, avec les blogs, de cette démocratie authentiquement participative. Ce qui fait d'ailleurs dire à la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet : "Il risque d'y avoir un décalage énorme entre la campagne diffusée dans les médias officiels et celle qui sera véhiculée par Internet. Il sera sans doute nécessaire de revoir ces règles dans le futur". NKM a raison de souligner la dynamique du Web, qui a le mérite de pouvoir contourner l'emprise du politiquement correct et de n'être pas concerné par les règles strictes de la campagne officielle ouverte lundi. Mais elle a tort d'envisager une réglementation dans cet univers libertaire. La France des oubliés, qui s'est réfugiée pour partie sur le Net, a trop goûté à la liberté d'expression pour s'en laisser déposséder un jour par la puissance publique. Quelle sera l'influence d'internet sur cette campagne ? Il est probablement trop tôt pour le mesurer. Cependant, l'histoire récente du printemps arabe rappelle, en dépit du fait qu'il a mal tourné, combien Facebook, Twitter, YouTube auront été initialement d'authentiques et efficaces moyens de contestations aux mains de la jeunesse. Je constate, pour ma part, que si la campagne présidentielle est restée globalement éloignée des deux grandes crises à régler (endettement public, désintégration nationale), ces sujets ont été abordés sans contraintes sur la blogosphère, accentuant au passage la fracture entre l'oligarchie politico-médiatique, soucieuse de préserver dans l'entre-soi son confort intellectuel, et la plus turbulente société civile qui ne se reconnaît plus dans le discours officiel. L'attrait que rencontre Internet auprès des citoyens, avides d'informations et de chocs des idées, n'est évidemment pas étranger au pouvoir d'influence qu'offre ce nouvel outil de communication à la "France silencieuse", qui est, de fait, de plus en plus bavarde. Face à l'échec de la démocratie représentative, cette démocratie d'opinion a de bonnes raisons de vouloir prendre le relais. Ivan Rioufol
|