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15/12/08 | Ivan Rioufol |
En Irak, la démocratie chausse du 44 ! "C'est une chaussure de taille 10" (44 taille française), a plaisanté George Bush, après avoir esquivé, deux fois de suite, l'envoi de la paire de chaussures d'un journaliste irakien lui criant tout d'abord : "C'est le baiser de l'adieu, espèce de chien", puis : "Vous êtes responsable de la mort de milliers d'Irakiens". La scène s'est déroulée hier, dimanche, à Bagdad, à l'occasion d'une conférence de presse du président américain. Il effectuait en Irak sa quatrième et probablement dernière visite impromptue. Ce lundi, la chaîne privée al-Bagdadia, qui emploie le journaliste, Mountazer al-Zaïdi, 29 ans, demande sa libération immédiate, "conformément à la démocratie et à la liberté d'expression que le nouveau régime (irakien) et les autorités américaines ont promises au peuple irakien". A ceux qui doutent de l'existence d'une démocratie en Irak, cet incident apporte un démenti : le pluralisme des médias est visiblement devenu une réalité dans cette ancienne dictature que défendirent les "anti-guerre". Inutile de rappeler le sort des journalistes d'opposition sous le régime de Saddam Hussein, que certains commentateurs, aveuglés par leur antibushisme, osent regretter. A remarquer : ceux qui soutiennent l'incompatibilité de l'Islam avec la démocratie parlent comme ces belles âmes qui se sont opposés à Bush et à sa politique de démocratisation de Moyen Orient, jugée irréaliste. Pour ma part, je crois cette perspective atteignable, à la condition que le nazislamisme (d'autres parlent d'islamo-fascisme), cette lecture totalitaire de l'islam, soit clairement désigné et combattu. L'histoire irakienne est loin d'être écrite. Les médias occidentaux, qui se délectaient à décrire le "chaos" et le "bourbier" créé par l'intervention américaine, sont moins bavards pour relater les améliorations de la situation, qui reste encore précaire. Les milliers de morts que le journaliste reproche à Bush ont surtout été le fait d'actes de terrorisme des intégristes contre les musulmans eux-mêmes, qui sont les premières victimes de l'idéologie régressive défendue par al-Qaïda et se alliés. Al-Zaïdi, qui dit "détester l'Amérique", est devenu un héros pour les ennemis de la démocratie. Si ceux-là devaient gagner demain en Irak, ils donneraient malheureusement raison à ceux qui assurent que les musulmans refusent la liberté et la démocratie. Ivan Rioufol
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