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15/10/08 | Ivan Rioufol |
Marseillaise sifflée : la
goutte d’eau ? Se désoler encore, ou réagir enfin? Une nouvelle fois, La Marseillaise, courageusement interprétée par la chanteuse d'origine tunisienne Lââm, a été copieusement sifflée, mardi soir par le public du Stade de France, à l'occasion d'un match amical de football opposant la France à la Tunisie. Certains joueurs français ont été plus particulièrement conspués, comme le milieu de terrain Hatem Ben Arfa, né à Clamart de parents tunisiens et ayant opté pour la sélection nationale malgré les sollicitations de la fédération tunisienne. En octobre 2001, l'hymne avait été pareillement injurié lors d'une rencontre France-Algérie, puis en novembre 2007 à l'occasion d'un France-Maroc. Ce constant mépris d'une partie (minoritaire, espérons-le) des Français d'origine maghrébine pour le symbole de la République illustre une fois encore une réticence à adhérer aux valeurs de la nation. Or un discours angélique s'emploie à minimiser depuis des années ce phénomène, décrit par votre serviteur il y a tout juste un an dans un livre (La fracture identitaire, Fayard) accueilli par l'omerta médiatique, cette nouvelle censure soft. Ce mercredi matin, sur RTL, le premier ministre François Fillon a néanmoins haussé le ton: "Il faut interrompre les matchs quand les hymnes nationaux quels qu'ils soient sont sifflés. C'est un manque de considération, de respect pour toute une nation". On ne peut que se féliciter de cette réaction, qui répond à une irritation d'une partie croissante de l'opinion face à une République se laissant impunément malmener et n'étant plus considérée comme un modèle par certains nouveaux compatriotes. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer les raidissements de la justice quand, par exemple, elle refuse d'annuler un mariage au prétexte que l'épouse n'était pas vierge, ou quand le Conseil d'Etat refuse d'accorder la nationalité française à une femme portant la burqa. Même la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), parangon du politiquement correct, vient d'admettre que la burqa pouvait porter "atteinte aux valeurs républicaines". Si rien ne vient faire obstacle au repliement identitaire d'une partie des cités, un séparatisme ethnico-religieux est à craindre. Aussi faut-il encourager la République à s'affirmer dans ses valeurs et ses symboles. Le cinéaste Luc Besson a également bien du mérite à vouloir, semblait-il ce mercredi matin, reprendre le tournage de son film à gros budget (From Paris with love) dans la Cité des Bosquet, à Montfermeil (Seine Saint Denis), malgré les incendies de dix voitures appartenant à la production et les tentatives de surenchères financières de certains meneurs. Il faut surtout donner davantage la parole à ceux qui, issus de l'immigration, ont choisi de s'identifier et de défendre la France. Il est important, par exemple, que ce soit la secrétaire d'Etat à la Ville, Fadela Amara, qui déclare: "Le voile et la burqa, c'est la même chose" (Le Parisien, 16 juillet 2008). De ce point de vue, il est regrettable que la justice vienne de condamner en appel Fanny Truchelut, poursuivie pour avoir demandé à deux militantes voilées d'ôter leur voile dans les parties communes de son gîte. Ivan Rioufol
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