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4/6/09 Ivan Rioufol
               Obama : un pénitent face à l’islam

J'avoue ma perplexité. Interrogé mardi soir sur Canal +, Barack Obama aurait dit, selon une traduction reprise par les médias français : "Si l'on compte le nombre d'Américains musulmans, on voit que les Etats-Unis sont l'un des plus grands pays musulmans de la planète". Si le président américain a vraiment déclaré cela, c'est un mensonge : les musulmans sont une des minorités des Etats-Unis et leur nombre ne dépasse pas, à ma connaissance, huit millions au maximum. S'il a voulu expliquer, comme je le crois plutôt, que les Etats-Unis sont un des pays occidentaux qui comptent le plus de musulmans (mais la France est aussi dans ce cas de figure), je m'étonne que la presse n'ait pas corrigé l'erreur. Dans les deux cas, l'absence de réactions des médias m'étonne. Mais passons, pour l'instant.

Obama, qui entame une opération de charme avec le monde islamique, va tenir un important discours au Caire, demain. Il veut, comme il l'a aussi expliqué, "créer un meilleur dialogue pour que le monde musulman puisse mieux comprendre comment les Etats-Unis, mais plus généralement le monde occidental, conçoivent certains problèmes difficiles, tels que le terrorisme ou la démocratie". Très bien. Ce qui m'inquiète, c'est la posture du pénitent que semble vouloir prendre Barack Hussein Obama, dont le père était musulman, face à l'islam : "Les Etats-Unis et le monde occidental doivent apprendre à mieux connaître l'islam", dit-il. Or la curiosité de l'Occident pour l'islam peut se voir aisément, notamment dans les innombrables livres consacrés au monde musulman. En revanche, il faut chercher les auteurs musulmans s'intéressant à l'Occident. L'anthropologie non plus n'est guère prisée par l'islam.

Cette asymétrie est une constante, jusqu'à présent, dans le "dialogue des civilisations" que semble vouloir relancer Obama. A moins qu'il ne sache imposer, cette fois, une obligation de réciprocité au monde musulman, l'Occident risque d'être encore le dindon de la farce. Comme le remarque Jacques Dewitte (L'exception européenne, Michalon) : "Tout se passe comme si, à l'heure actuelle, s'effectuait une distribution des rôles entre ceux qui pratiquent le repentir et l'autocritique - les Européens, les Occidentaux - et ceux qui s'installent dans la dénonciation sans procéder eux-mêmes à un réexamen critique analogue de leur propre passé - en particulier les pays arabes et musulmans. Tout indique même que notre mauvaise conscience, bien loin de susciter l'émulation, renforce les autres dans leur bonne conscience. "

Ivan Rioufol

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