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15/3/10 | Ivan Rioufol |
Rébellion
contre une oligarchie ! Le PS a tort de fanfaronner, à la lecture des résultats du premier tour des élections régionales (UMP: 26,15% ; PS : 29,09%). Certes, les Français ont décidé, hier, de faire cadeau à la gauche convalescente de la gestion pépère des régions. Mais, outre que le plébiscite anti-Sarkozy, rêvé par l'opposition, n'a pas pris (51% des sondés, interrogés ce lundi pour Le Parisien estiment que leur vote "n'a aucun rapport avec un jugement sur l'action du président de la République et du gouvernement", contre 32% qui ont voulu exprimer leur insatisfaction), l'envergure des abstentions (53,5%) oblige l'ensemble des partis à se poser des questions sur leur rôle et leur utilité. Le désarroi des gens, souvent rappelé ici aux fins de mise en garde, est en train de créer une crise démocratique qui, si elle devait se confirmer dimanche avec un taux semblable d'absentions, pourrait être assimilée à une rébellion contre une oligarchie. Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) a parlé hier soir "d'insurrection civique". Je partage cette analyse. Mais il faut en tirer les conséquences. Plus que la victoire en trompe l'œil du PS, c'est bien le vote protestataire qui domine ce premier tour, avec le taux élevé des abstentions (elles n'étaient que de 37,9% aux régionales de 2004) et le réveil du FN (11,79%, contre 14,7% aux régionales de 2004). George Frêche lui-même écrase d'ailleurs le parti socialiste qui l'a exclu en Languedoc-Roussillon (36% contre 7,5%) en ayant su fédérer les "mal-pensants" contre la rue de Solferino. Pour le deuxième tour, le PS va devoir faire alliance avec les Verts (qui de 16% aux européennes de 2009 descendent à 12,47%) et le Front de gauche, c'est-à-dire avec une nébuleuse jeuniste, boboiste, antilibérale, doctrinaire dont bien des membres ont apporté, de surcroît, leur soutien à des mouvements antisionistes ne pouvant dissimuler leur antisémitisme. Le PS, qui a rejeté Frêche pour son mot sur Laurent Fabius, prend le risque de se décrédibiliser. Reste à savoir si les partis, à droite comme à gauche, sauront répondre à la grande désillusion populaire, qui me fait craindre le pire si rien n'est fait pour la contenir. Cet impératif échoit en premier lieu, évidemment, à Nicolas Sarkozy, qui n'a pas su mobiliser les électeurs et singulièrement la droite déboussolée. Les Français attendent des politiques, me semble-t-il, qu'ils leur parlent enfin clairement de l'état réel (économique, social, culturel identitaire, etc.) de leur nation, sans craindre les interdits. Les citoyens ont eux-mêmes des choses à dire sur ces sujets, qu'une véritable démocratie devrait être capable d'entendre. A ce propos, ne serait-il pas temps de réfléchir à l'instauration d'une démocratie directe, telle qu'elle existe aux Etats-Unis, en Suisse, en Italie ou en Allemagne ? Les Français devraient pouvoir s'exprimer à travers des référendums d'initiative populaire. Qu'en pensez-vous ? Ivan Rioufol
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