Tout va bien en France, c’est
Marianne qui le dit !
On se croirait dans une cour d'école : il n'y a qu'"un vrai politiquement
incorrect" et c'est Jean-François Kahn. Na ! C'est à cette affligeante
promotion que se prête, dans Marianne cette semaine, une partie de la
rédaction: celle qui fait là où on lui demande. L'hebdomadaire (qui assure
régulièrement avoir toujours raison) a lâché ses censeurs contre ceux qui
"disent n'importe quoi". J'ai l'honneur d'en être. Votre serviteur a même
droit à une page entière, signée Guy Sitbon, et titrée finement: "Ivan
Rioufol, le lepénisme antilepéniste". L'"idée" audacieuse de Sitbon,
visiblement toujours dévoué pour les services commandés, est de faire
comprendre que ce que j'écris sur l'identité nationale relève en fait du
discours de l'extrême-droite. Le problème est que le politiquement correct
ne sait argumenter qu'avec ces rapprochements que la gauche la plus évoluée
n'ose plus ressortir. En fait, c'est tout l'article qui illustre les
aveuglements doctrinaires que l'hebdomadaire a choisi de promouvoir.
Quand, à sa demande alambiquée, j'ai reçu durant une heure et demie l'ancien
grand reporter Guy Sitbon, lundi dernier au Figaro, j'ignorais son
passé de militant proche du FLN et de la cause arabe (tout comme j'ignorais
ses succès dans les messageries roses). Aussi n'est-ce qu'à la lecture de
son papier (et après un passage sur Wikipédia ce lundi) que j'ai compris son
obsession à me parler de l'islam et à tenter de me faire dire ce qu'il
aurait voulu entendre, allant jusqu'à se faire lui-même le promoteur du
Front national. Je lui ai répondu, sur ce sujet, que je lui laissais
volontiers ses convictions, qui n'ont jamais été les miennes. Durant tout
l'entretien, j'ai eu le sentiment de parler à un examinateur s'intéressant
plus à ses questions qu'à mes réponses. De fait, bien peu de ce que j'ai dit
(notamment sur la crise de l'école qui me paraît être le point central)
n'est dans l'article. Mais ainsi procède-t-on sans doute à Marianne.
Au-delà de l'anecdote, le plus intéressant est la manière systématique avec
laquelle Sitbon réfute, dans son papier, l'ensemble des faits que je
rapporte régulièrement ici. Il nie aussi bien le communautarisme que les
repliements identitaires, les tensions ethniques que le risque de
libanisation de la société. Il réfute tout problème d'intégration, toute
faillite du système scolaire et, surtout, toute menace que pourrait faire
courir l'islam radical dans ses tentatives de subversion de l'espace public.
"Nous n'avons jamais rien cédé aux islamistes", écrit-il en oubliant
volontairement les apparitions du voile et de la burqa ou la multiplication
des demandes de dérogations pour motifs religieux dans des espaces publics
ou des entreprises. Pour Sitbon, petit soldat de Marianne et de son
conformisme, tout va bien en France.
Ivan Rioufol
|