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9/10/08 | Jean-Jacques Rosa |
Plus que de liquidités, les banques ont un besoin urgent de capital Pour les économistes, un bon côté - si l’on peut dire - de la crise
financière devenue internationale c’est de détourner l’un des meilleurs
esprits de la profession, Paul Krugman, de sa détestation obsessionnelle des
Républicains américains (et de George Bush en particulier) pour le ramener à
ce en quoi il excelle, l’analyse économique des problèmes majeurs de notre
époque. Compte tenu de la part relativement modeste des échanges extérieurs des
Etats-Unis dans leur produit national il faudrait, pour infliger une baisse
de un pour cent au PIB mondial, que leur propre PIB baisse de 8 %, soit une
récession extrêmement sévère. Nous en sommes loin. Plusieurs auteurs ont mis en évidence le rôle crucial des « créditeurs
communs » de ces pays très différents, comme facteur explicatif de ces
étranges répercussions. Ainsi, lorsque de très grandes institutions financières américaines ont été mises en difficulté par l’éclatement de la bulle immobilière, elles ont dû liquider beaucoup de leurs positions dans beaucoup de pays, y provoquant alors un phénomène de contraction financière. Et cette dernière est très rapide en raison de la facilité des transactions et de l’efficacité des marchés. La crise devient alors globale. Quelles leçons en tirer pour l’action ? Quelles politiques suivre ? Premièrement, ce n’est pas la relance macroéconomique de l’économie réelle qui résoudra le problème. Pour l’instant d’ailleurs la situation de l’économie réelle n’est pas dramatique, loin de là. Le problème est très précisément localisé: il se situe dans l’équilibre fondamental des institutions financières, et non pas dans une insuffisance générale de la demande de biens et services. Ce n’est donc pas (ou pas encore) l’heure des remèdes keynésiens. Deuxièmement, ce n’est pas un problème de liquidité de ces institutions financières, et par conséquent les facilités de refinancement qui sont proposées aux banques (plan Paulson par exemple) ne seront pas efficaces. C’est un problème de levier excessif et donc de pertes majeures et d’insuffisance de capital. Ce qu’il faut c’est recapitaliser les banques pour réduire leur besoins de vendre leurs actifs et de réduire leurs distributions de crédits, y compris à l’étranger. C’est aussi le diagnostic de Raghuram Rajan dans le Financial Times du 9 octobre. Mais comme les effets de la crise sont internationaux (à cause de
l’internationalisation de l’activité des banques) la recapitalisation doit
se faire de façon internationale. En effet, la recapitalisation d’une banque
d’un seul pays va profiter à d’autres pays, mais pendant ce temps les
banques de ces autres pays peuvent continuer à vendre des actifs dans le
premier, y aggravant la situation. Autrement dit les principaux
gouvernements doivent agir simultanément, bien que pas nécessairement de
façon coordonnée, pour recapitaliser les banques, et sans compromettre
l’intérêt des contribuables. Jean-Jacques Rosa
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