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21/1/12 Claude Reichman
              RTL, première victime de la crise !

C’est une hémorragie : en un an RTL a perdu 600 000 auditeurs selon la dernière étude de Médiamétrie. C’est surtout la tranche matinale, entre 7 heures et 9 heures, qui est cause de cette désaffection.

Bien entendu la station a affiché, par la voix de son directeur de l’information, Jacques Esnous, interrogé par le « Buzz Média Orange-Le Figaro », sa « sérénité », jugeant même la situation « stimulante ». Ce qui peut se traduire par « panique à bord ». Invité à se prononcer sur l’animateur de la tranche matinale, Vincent Parizot, Jacques Esnous a indiqué qu’il lui « garde plus que jamais sa confiance », ce qui signifie qu’on songe très sérieusement à le remplacer.

Vincent Parizot, journaliste chaleureux et plein d’humour, n’est évidemment pour rien dans la désaffection du public pour la tranche qu’il anime. Ce sont les choix rédactionnels qui sont en cause, et ils dépendent du président de la station, Christopher Baldelli, ainsi que de Jacques Esnous. Dans un article récent, nous avons écrit que RTL « donne une image figée de la société française » alors que « celle-ci est en pleine révolution ». Et il n’est pas difficile de disséquer les causes du mal.

La première réside dans la personnalité de l’éditorialiste de 7 h 45, Alain Duhamel. Toujours du côté du manche depuis plusieurs décennies, il incarne mieux que quiconque ces « élites » que les Français ne supportent plus. Lui succède l’interview de Jean-Michel Aphatie. Celui-ci pose toujours d’excellentes questions … et n’obtient que de mauvaises réponses. Pour la simple raison qu’il n’est autorisé à inviter que des politiciens et des syndicalistes qui ne savent parler que la langue de bois, que les Français ne supportent pas davantage.

Jean-Michel Aphatie est conscient plus que quiconque de la rupture qui s’est créée entre le peuple et ceux qui sont censés le représenter. Voici ce qu’il écrit sur son blog : « Il faudrait dans cette campagne du robuste et du sérieux, du sévère et de l’ennuyeux pour qu’enfin nous prenions conscience de la réalité qui nous menace. Intuitivement sans doute, le corps électoral sent bien que cette pré campagne s’inscrit dans le registre du très grand n’importe quoi. Comment donc ce vieux et grand pays, tellement frotté à l’Histoire et aux épreuves, peut-il produire un débat et des attitudes d’une si intense médiocrité ? »

Renouveler les invités de Jean-Michel Aphatie, et reléguer les politiciens et les syndicalistes à un horaire moins crucial pour la station est une mesure d’urgence que ses dirigeants seraient bien inspirés de prendre.

« On a beaucoup de grandes signatures, plaide Jacques Esnous, notamment le matin, qui recouvrent peu ou prou les courants de sensibilité de nos auditeurs. » Et le directeur de l’information de RTL de poursuivre : « Nous ne sommes pas une radio d’opinion, nous sommes une radio des opinions. » Jacques Esnous serait fort aimable de nous indiquer qui représente à son antenne le courant libéral, qui fleurit sur Internet et qui est le seul à proposer les solutions innovantes qui pourront faire échapper la France à la crise dans laquelle elle s’enfonce et se dissout.

En vérité, RTL n’est que la première victime de la révolte « antisystème » qui s’étend chaque jour un peu plus chez les Français. Nos compatriotes ont certes des opinions différentes sur les raisons de la crise et sur ses remèdes, mais ils ont parfaitement compris qu’ils sont gouvernés depuis des décennies par des incapables, dont certains sont en outre corrompus. Et ils ne supportent plus de les voir et de les entendre se pavaner dans les médias, alors qu’ils feraient mieux de se cacher.

Antonio Gramsci était un marxiste, mais il a au moins bien compris les phases de basculement d’une société. « La crise, écrivit-il, c’est quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître. » A RTL et dans bien d’autres médias, c’est une citation qu’on va devoir sérieusement méditer. Surtout si l’on ne veut pas mourir en même temps que « le vieux » !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

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