Sarkozy laisse s’installer l’ordre barbare
Le lundi 27 mars, veille des grandes manifestations contre le CPE où bandes
ethniques et hordes barbares s’apprêtent à fondre sur Paris et les
principales villes de France pour saccager, piller et frapper manifestants,
forces de l’ordre et passants, le ministre de l’Intérieur, que d’aucuns
imaginent surmené, prend le temps de lancer sa campagne présidentielle dans
un grand meeting à Douai. A chacun ses priorités. Certains fantasment sur un
Sarkozy obsédé par la sécurité et l’ordre. Nicolas Sarkozy, lui, fantasme
sur la présidence de la République. Pas seulement quand il se rase le matin,
aime-t-il répéter. La décence conduirait à attendre que la France cesse de
donner aux médias de la planète l’image dévastatrice d’un pays au bord du
chaos. La conscience professionnelle commanderait de réussir à son poste de
ministre, en rétablissant l’ordre et la sécurité en France, avant de rêver
de fonctions plus hautes. « Sarko » ne connaît pas ce type de pudeur.
Avec des banlieues en situation insurrectionnelle, la barbarie et la
criminalité en hausse, le petit Nicolas sait son bilan de ministre de
l’Intérieur bien plus catastrophique que ses pourtant déjà mauvais bilans de
ministre de l’Economie dans le gouvernement Raffarin ou de secrétaire d’Etat
au Budget dans celui de Balladur. Il sait aussi, en vieux politicien du
système, pouvoir compter sur les medias complices pour ne pas évoquer les
choses qui fâchent. Les journalistes ne chercheront pas davantage de vrais
poux sur la tête de M. Sarkozy que sur celle de M. Fabius ou de Mme Royal.
Ainsi va la vie politique en France, avec ses médias aux ordres, souvent
menteurs par omission.
La manifestation parisienne du 28 mars contre le CPE a été le prétexte d’un
déchaînement de violence inouïe. Dès son départ, place d’Italie, des
centaines de casseurs enfoncent le cordon de sécurité pour frapper les
manifestants. A l’arrivée, place de la République, les bandes franchissent
un nouveau pas en attaquant le carré de tête de la manifestation pourtant le
plus protégé. Tout au long de la manifestation « des bandes très organisées
et mobiles d'émeutiers de la banlieue parisienne ont frappé et dépouillé
dans les transports en commun et au cœur même de la manifestation toutes les
personnes sur leur passage. Ces bandes, regroupant jusqu'à 300 individus, se
sont livrées à des vols avec violence en réunion avec une barbarie jamais
égalée » précise le communiqué du syndicat CFTC Action Police. Pour les
révisionnistes du Figaro du 29 mars cela donne : « Services d’ordre
syndicaux musclés et forces de l’ordre réactives ont permis d’éviter
violences et pillages durant le défilé ». Dormez en paix braves gens,
Sarkozy et ses propagandistes veillent.
Les éditorialistes étrangers évoquent un destin à l’Argentine pour une
France asphyxiée par son Etat-providence, tout aussi incapable de contenir
l’explosion de ses dettes que de relancer sa machine économique. Les
télévisions du monde montrent une France peuplée de barbares qui enflamment
les banlieues des trois cents plus grandes villes, quand ils n’attaquent pas
les trains ou les défilés d’étudiants. Les barbares tuent. Ils tuent
Jean-Claude Irvoas parce qu’il prend une photo d’un réverbère, tuent
Jean-Jacques Le Chenadec parce qu’il éteint un feu de poubelle, percutent et
laissent mourir Raphaël Clin parce qu’il est gendarme. Les Barbares
torturent à mort. Ils brûlent vive Sohane Benziane et Chahrazade Belayni,
lapident Ghofrane Badaoui parce qu’ils ne conçoivent la femme que soumise.
Ils brûlent Ilan Halimi avant de le couvrir d’acide parce qu’il est juif et
que sa communauté doit payer.
Le ministre de l’Intérieur laisse s’installer l’« ordre barbare », donne des
consignes de modération à la police et à la presse, et entame sa campagne
présidentielle. Il se présente en sauveur providentiel, tel un
extra-terrestre tombé du ciel. Il va jusqu’à supprimer toute référence à l’UMP
lors de son meeting. Comme s’il n’était pas le président du parti qui a
dirigé sans partage la France depuis bientôt quatre ans. Comme s’il n’avait
aucune responsabilité dans le marasme économique et sécuritaire de notre
pays.
Sarko sait que journalistes et gauchistes le traiteront toujours de libéral
conservateur tendance réactionnaire et que son électorat s’y laissera
prendre comme il s’est laissé prendre par Giscard et Chirac. En bon radical
socialiste, le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations de foi
pro-immigrationnistes (1). Il agit en conformité (2). Il multiplie les
circulaires aux préfets pour demander de la complaisance à l’égard des
immigrés illégaux, octroie des titres de séjour à ceux de Sangatte, décuple
le quota de visas aux Algériens. Il relance l’immigration, reconnaît
officiellement et sponsorise une organisation proche des « Frères musulmans
», l’UOIF, interdit l’expulsion hors de France des délinquants étrangers,
promet aux immigrés des droits et avantages particuliers dont seront privés
les Français de souche avec la discrimination positive, et s’engage pour le
droit de vote des immigrés aux élections locales.
Les 200 000 membres de l’UMP, par « naïveté », aveuglement plus ou moins
volontaire, ou calcul personnel, suivent un chef qui enfonce la France.
Devant 3000 d’entre eux, il a expliqué sa méthode pour réformer notre modèle
économique et social : « La « rupture » comme projet, le « compromis » comme
méthode », titre le Figamonde du 28 mars, édition du matin ; en « prônant le
dialogue social » précise l’édition du soir. Ce seront les syndicats
marxistes ou trotskistes de fonctionnaires qui diront jusqu’où la réforme
peut aller : nulle part ! « La rupture par le compromis » est aussi absurde
qu’impossible.
Sarkozy révèle, ici encore, sa vraie nature en recommandant de faire machine
arrière face à la pression de la rue sur une mesure aussi dérisoire que le
CPE : il est un homme du centre mou. Nul disposant de ses pleines facultés
intellectuelles ne peut de bonne foi dire que ce politicien pourra réformer
la France et la remettre sur la voie de la prospérité dans la sécurité.
Sarkozy est un malin. Seule son élection l’intéresse. « On peut être ferme
sans être rigide, conciliant sans être faible » chiraquise-t-il. « Il me
semble utile qu’avant toute initiative d’application, on prenne le temps que
la négociation aboutisse » raffarine-t-il. Cette méthode, n’est rien d’autre
que celle utilisée par les technocrates sociaux-démocrates depuis 1974. Elle
est la méthode de l’échec. Avec elle, dix ans de présidence Sarkozy ne
suffiraient pas à pondre un rapport sur les mesures nécessaires au
redressement de la France.
Le Président de l’UMP s’adresse aux centristes, aux satisfaits, aux frileux
et aux privilégiés qui ont, ou croient avoir, un intérêt au statu quo. Il
veut conquérir les Français qui imaginent que la France finira par se
redresser par l’opération du Saint-Esprit sans qu’ils fournissent d’efforts.
Son électorat sera majoritairement composé de fonctionnaires, retraités et
salariés de grandes entreprises qui savent leurs positions bien plus
favorables que celles des jeunes, des chômeurs et des salariés en situation
précaire ou instable. Le sarkozyste prétend vouloir le changement pour se
donner bonne conscience. Il n’y est pas prêt et ne le souhaite pas en son
for intérieur.
Les Françaises et les Français, qui savent que le statu quo est non
seulement injuste mais aussi intenable, n’ont d’autre solution que de
rejoindre les rangs des révolutionnaires bleus qui seuls réclament la
réduction des impôts et des dépenses publiques pour relancer l’économie et
la tolérance zéro pour remettre de l’ordre.
Jean-Christophe Mounicq
1. cf. Libération du 23 décembre 2005 ou « 100 minutes pour convaincre » du
9 décembre 2002 sur France 2.
2. cf. l’instructif dossier « Les 7 péchés capitaux de Nicolas Sarkozy »
dans La Voix des Français de mars 2006 (www.vdfr95.com) |