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31/1/09 | Claude Reichman |
Sarkozy est seul face à l’histoire Sarkozy tient une occasion unique de réaliser enfin la rupture. Et c’est la crise mondiale qui la lui offre. Jusqu’à l’éclatement de celle-ci, le président français était ligoté par les critères de Maastricht. Il ne pouvait baisser les impôts et les charges sans accroître les déficits ou réduire les dépenses publiques et les prestations sociales. La voie des déficits était fermée par le montant qu’ils avaient déjà atteint et qu’il fallait réduire pour être d’équerre avec les règles européennes. La baisse des dépenses publiques et des prestations sociales signifiait une politique d’austérité qui aurait encore aggravé la stagnation économique. Or voilà que les règles européennes ont volé en éclat du fait de l’effondrement général des économies mondiales. C’est à qui, parmi les Etats, dépensera le plus pour sauver les meubles chez lui. De cette catastrophe, le président français peut faire un miracle. Il doit immédiatement utiliser les marges de déficit de la France afin de diminuer le poids de l’Etat et des organismes sociaux pour les entreprises et les particuliers. Ce sont ces allègements qui, à condition qu’ils soient significatifs, rétabliront la confiance et l’activité et produiront ensuite les recettes qui permettront de réduire les déficits et de rembourser les dettes. Toute autre tentative de relance de l’économie est vouée à l’échec. La France n’a aucun besoin d’investissements dans ses infrastructures, qui sont excellentes. Il s’agirait de ce que les économistes appellent une mauvaise allocation des ressources et que les gens sensés rejettent comme des dépenses inutiles qui les empêcheront de faire celles dont ils ont vraiment besoin. Quant aux dépenses de recherche et de formation, elles ne sont, dans les structures actuelles, qu’argent dilapidé. La recherche française n’obtient aucun résultat parce qu’elle se fait dans un cadre étatique et fonctionnarisé. Le général de Gaulle, déjà, disait que « des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche » ! Quant à la formation, elle dilapide une trentaine de milliards d’euros chaque année dans des actions qui ne profitent qu’aux organismes formateurs ! On comprend aisément que la recherche et la formation dont la France a besoin ne peuvent passer que par les initiatives privées, et l’Etat ne peut les favoriser qu’en s’effaçant à leur profit. Le malheur de Nicolas Sarkozy – et c’est aussi sa responsabilité – est d’avoir choisi pour principaux conseillers les seuls personnages qui ne pouvaient en aucun cas lui donner les bons conseils. Henri Guaino ne jure que par l’Etat. Dans Le Figaro du 24 janvier dernier, le « conseiller spécial » du président en était encore à dire que « ce que nous voulons, c’est un Etat qui entreprend, qui investit, qui innove, qui instruit, qui protège ». Bref un Etat à la française, dont on connaît les brillants succès dans tous les domaines cités par M. Guaino. Quant au conseiller social, Raymond Soubie, il se félicitait sur RTL, le 30 janvier, du montant des dépenses sociales – 550 milliards d’euros – sur lesquelles il exerce son empire élyséen et qui nous dispensent, selon lui, d’améliorer le pouvoir d’achat des Français. Ce que n’ont compris ni M. Sarkozy ni ses conseillers, c’est que le système sur lequel ils règnent est à l’agonie et va rendre le dernier souffle d’ici peu. Il s’éteignait lentement jusque là, nourri de perfusions achetées à crédit. La crise mondiale qui, comme la révolution « vérifie tout », si l’on en croit Trotski, lui a porté le coup de grâce. La seule inconnue réside dans les circonstances du décès. Se produira-t-il dans le désordre généralisé et violent, dans la « chienlit », où des manifestations de plus en plus fournies affronteront les forces de police, ou bien dans le sauve qui peut individuel qui verra les Français jeter à bas toute discipline collective, cesser de contribuer aux dépenses communes et donc mettre à la rue les personnels de l’Etat et l’Etat lui-même ? Aucune de ces issues n’est satisfaisante pour la démocratie. Encore faudrait-il que celle-ci trouve une expression crédible et efficace en la personne de ses élus. Tel est le défi que doit relever M. Sarkozy. Pour être tout à fait franc, je ne lui en vois ni la lucidité, ni les qualités, et encore moins l’entourage. Puisse la baguette magique de l’histoire les lui offrir dans une de ces illuminations dont elle a le secret. Sinon, bon courage à tous, que s’ouvre, pour la France, l’ère de tous les périls et, à leur issue et après bien des malheurs, celle de l’éternelle renaissance. Claude Reichman
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