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16/1/10 | Claude Reichman |
Traqué par la meute, Sarkozy est aux abois ! M. Sarkozy n’a rien trouvé de mieux que de faire faire l’éloge de son action …par son principal collaborateur ! Le journal Le Monde a en effet publié dans son édition datée du 16 janvier 2010 une longue tribune signée de M. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, et dont le titre, assorti d’un long sous-titre, mérite d’être intégralement cité : « Le chef de l’Etat est fidèle à ses valeurs, à son mandat et à son devoir. Il associe tous les acteurs de la vie publique à sa volonté de réformer le pays. » Fermez le ban ! Au-delà du caractère de grossière propagande de cet article et de son style calamiteux, c’est sa publication même qui doit être analysée. Qu’un président de la République à mi-mandat en soit réduit à se faire cirer les pompes par un collaborateur, fonctionnaire détaché au cabinet présidentiel et donc non élu, est un signe d’extrême faiblesse politique. Personne ne s’émouvrait qu’un responsable du parti majoritaire se livre à ce genre d’exercice, et personne, d’ailleurs, ne le lirait. Mais le secrétaire général de l’Elysée, jamais, au grand jamais, dans un Etat qui respecterait les principes et les traditions républicaines. Cette absence de considération pour ce qui se fait et ce qui ne se fait pas est la marque de fabrique de M. Sarkozy. Il ne s’agit pas là de convenances, mais de valeurs, ce mot que le président de la République et ses séides, tout comme d’ailleurs les responsables socialistes, ont en permanence à la bouche. Et à tant en parler, on démontre ce qu’on veut cacher : qu’on est une classe politique dénuée de tout principe, sinon celui d’arriver ou de se maintenir au pouvoir afin d’y réaliser sa promotion personnelle et de vivre beaucoup mieux que les citoyens ordinaires. L’article de M. Guéant démontre l’extrême solitude du président de la République. Et annonce l’issue de son parcours. Les prétendues réformes dont se flatte, pour le compte de son maître, le secrétaire général de l’Elysée, ne sont que poudre aux yeux. Depuis son accession à la présidence, M. Sarkozy n’a rien changé d’essentiel, ni même d’important, dans un Etat dont la faillite est chaque jour avérée. La fameuse « rupture » dont le candidat avait fait son thème de campagne principal, n’a pas eu lieu. Au contraire, les dérives se sont prolongées et aggravées. Une phrase de l’article de M. Guéant résume fort bien l’échec du président et ses causes : « Valoriser le potentiel de la France, c’est lui permettre de produire plus de richesses et de créer plus de bien-être pour chacun, et c’est garantir la pérennité des systèmes de solidarité qui font partie intégrante de notre identité nationale. » Or ce sont précisément ces « systèmes de solidarité » qui empêchent la France de produire des richesses. Tout simplement parce qu’ils alourdissent le prix du travail à un point tel que la compétitivité de notre économie ne tient plus qu’aux performances de quelques grandes entreprises lancées depuis longtemps sur les marchés mondiaux, qui ne créent plus d’emplois dans notre pays et qui en suppriment de plus en plus, comme le montre l’exemple de Renault, condamné par nécessité de survie à faire fabriquer sa Clio IV en Turquie, au grand dam de M. Sarkozy qui voudrait follement que la concurrence internationale obéisse aux règles de la démagogie française. En vérité, M. Sarkozy est aux abois. Il fait sonner le cor par son grand chambellan, mais tout le monde comprend que le gibier traqué par la meute, c’est lui. Oh, la meute n’est pas constituée d’animaux politiques, ni même, pour l’instant, de citoyens en colère munis de fourches. Non : la meute, ce sont les réalités de l’économie du pays et des finances publiques. Qui s’apprêtent à fondre sur la bête épuisée et à la livrer au couteau des chasseurs, tandis que déjà on entend retentir l’hallali. La chasse, décidément, est un jeu cruel. Comme la politique ! Claude Reichman |