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Pour sauver la France de la faillite, réduisons immédiatement de 10 % toutes les dépenses publiques |
23/4/04 | Claude Reichman |
" La France est en banqueroute ". C'est Jean-Pierre
Raffarin qui l'avait avoué au début de 2003. Sa phrase, rapportée par Libération,
n'avait ému personne. Aujourd'hui, c'est Philippe Douste-Blazy qui, dans une interview au
journal Les Echos à propos de la Sécurité sociale, admet " la
faillite de notre système " et " souhaite que chaque Français prenne
conscience du désastre ". Banqueroute, faillite, désastre, que faudra-t-il de
plus pour que nos compatriotes se rendent enfin compte que nous ne pouvons plus continuer
comme cela ? Sans doute qu'ils ne perçoivent plus les prestations et autres allocations
qu'on leur a jusqu'à présent distribuées larga manu sans souci du lendemain.
Ce moment est désormais proche. On le voit avec l'effondrement programmé de
l'assurance-chômage qui affole à ce point ses gestionnaires qu'ils émettent
l'incroyable proposition de la faire financer notamment par les professions indépendantes
qui, comme chacun le sait, n'en bénéficient pas ! Ajoutons que le risque chômage est
visé par les directives européennes et que chacun peut souscrire un contrat privé pour
s'en prémunir. C'est évidemment le choix que la plupart des salariés vont être amenés
à faire face à la catastrophe de l'Unedic. Le spectacle d'une classe politique impuissante à faire la moindre réforme nous conduit à proposer le seul plan qui puisse encore sauver la France de la faillite. Il faut décréter une baisse immédiate de 10 % de toutes les dépenses publiques et sociales. Cette diminution s'appliquera sans aucune exception. En admettre, c'est condamner le plan à l'échec. En effet toutes les catégories, toutes les professions ont des arguments plus ou moins valables à faire valoir pour échapper à la rigueur. Céder à l'une, c'est se condamner à céder à toutes les autres, ou du moins aux plus revendicatrices d'entre elles. Ne céder à personne, c'est mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Et ce n'est que justice. Car si la France a failli, c'est collectivement. Elle doit donc en payer collectivement le prix, même si certains sont plus coupables que d'autres dans la survenue de cette catastrophe, et même si beaucoup en sont complètement innocents. Il faut un gouvernement de salut public Diminuer de 10 % les dépenses de l'Etat et des organismes sociaux, c'est économiser
60 milliards d'euros (400 milliards de francs), autrement dit c'est supprimer d'un coup
notre déficit public, qui est actuellement de 4,1 % du produit intérieur brut, et
respecter sans attendre le pacte européen de stabilité. En période de faible
croissance, comme c'est actuellement le cas en France, des mesures aussi rigoureuses ne
sont généralement pas recommandées. Il peut en aller autrement si la France se lance
résolument et massivement dans l'abrogation du monopole de la sécurité sociale. Pour la
seule assurance maladie, cela se traduira, en raison de la baisse des charges sociales,
par une hausse d'au moins 15 % des salaires bruts, ce qui relancera la consommation et
l'investissement et permettra d'effacer la plupart des conséquences de la rigueur
budgétaire. A des mesures de salut public doit correspondre un gouvernement de salut public. Rien n'interdit au président de la République de nommer à la tête du gouvernement une personnalité extérieure au monde politique et qui, chargée de ramener à zéro les déficits du pays, aura par définition une mission limitée dans le temps. Il n'est pas possible de réussir sans cette dramatisation. Le peuple comprendra ce message parce que la véritable situation du pays lui aura été soudain rendue sensible. Le chef du gouvernement devra s'adresser régulièrement à la nation pour lui rendre compte de l'avancée du plan de sauvegarde et lui expliquer les difficultés rencontrées. La France s'organisera dans un esprit radicalement différent de celui qui prévaut aujourd'hui. Puisque toute distinction catégorielle aura été bannie pendant le temps du redressement, il faudra s'occuper non plus à revendiquer et à manifester, mais à s'organiser au mieux compte tenu de la diminution de certains moyens. Gageons qu'un véritable esprit de solidarité se répandra dans la société parce qu'elle aura pris conscience de son unité face à l'adversité. Le pire est probable, mais il n'est pas certain. C'est un appel à la responsabilité de tous que nous lançons aujourd'hui. Nous ne comptons guère sur la classe politique. Elle a depuis longtemps perdu tout contact avec la réalité. Mais il y a suffisamment d'entreprenants, de gens jeunes et courageux, de retraités lucides et encore très vaillants après une vie de travail et de respect des meilleurs principes, de mères de familles soucieuses du destin de leurs enfants, de dirigeants bénévoles d'associations qui ne mesurent ni leur temps ni leur peine au service des autres et qui savent ce que le mot de dévouement veut dire, bref il y a suffisamment de bons Français pour sauver la France. C'est à eux que ce message s'adresse. C'est à eux de dire s'ils l'ont entendu. Claude Reichman
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