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14/3/09 Bernard Martoïa

Mon scénario est celui de l’éclatement de la zone euro

L’index Dow Jones s’est ressaisi cette semaine. Il a clôturé à 7223 points. Cela représente une hausse conséquente de 9 %. Le gouffre a été évité lundi à 15 h quand l’index vedette est descendu à 6528 points. Le vieux plancher de douze ans à 6500 points a résisté. Mardi, avant l’ouverture du marché, Vikram Pandit, le président de Citigroup, a annoncé que sa banque a dégagé des bénéfices en janvier et en février. Il n’en a pas fallu davantage pour galvaniser les traders. Sur un plan technique, un gap de 126 points s’est formé ce jour là. Il faudra bien le combler un jour. La faillite de General Motors pourrait sonner le glas de ce rebond technique. Dans cette hypothèse l’index testera à nouveau ce plancher de 6500 points. Il est trop tôt pour considérer que le pire est derrière nous…

Le découplage avec les Etats-Unis va s’accentuer

Le ménage se fait toujours à la hache dans les entreprises américaines. Le taux de chômage national a atteint 8 % en février. Rien de tel en Europe où les licenciements sont parfois interdits par des gouvernements socialistes. La décision du gouvernement français de rehausser le salaire minimum et les revenus sociaux dans les départements d’outre-mer va inévitablement accroître le chômage dans ces îles et dégrader les comptes publics. L’écart de rendement entre les bons à dix ans des trésors français et allemand est passé à 22 points de base. Il n’était que de 6 points avant l’explosion nucléaire du marché financier du 15 septembre dernier.

Si le ménage des grandes banques n’est pas une option envisagée par l’administration d’Obama, le docteur Bernanke de la Fed leur fait passer discrètement un “stress testing”. Ce test est à l’image du test à l’effort sur tapis roulant pour diagnostiquer une maladie des artères coronaires. Parmi les seize banques concernées (primary dealers) figure la française Paribas. Rien de tel n’est envisagé en France. Philippe Herlin a publié, dans La Tribune du 11 mars 2009, un article intitulé : “Les banques calculent-elles correctement le risque ? ”

Malgré tous ses défauts, l’Amérique fait le ménage. Les branches mortes tombent dru. C’est la sanction des mauvais investissements. Mais le test le plus important est à venir. Faut-il laisser choir Detroit et son industrie automobile obsolète ? La réponse devrait être donnée en avril. Quoi qu'il en soit, l'Amérique sortira de la crise avec trois longueurs d'avance sur l'Europe.

L’euro est une chimère

Dans une lettre du 12 mars 1999 adressée à l’économiste italien Antonio Martino, Milton Friedman écrivait ceci : “Je suis très négatif à propos de l’euro et je doute qu’il puisse fonctionner. Toutefois, je suis moins pessimiste que je ne l’étais auparavant parce que je ne croyais pas que les divers pays démontreraient la discipline requise pour se qualifier pour l’euro. La convergence des taux d’inflation et des taux d’intérêt fut plus grande et plus rapide que je ne l’avais envisagé.

Certes, les Etats candidats ont fait preuve de discipline pour se qualifier pour l’euro mais ils se sont relâchés dès leur admission. La paresse est inhérente à la nature humaine. L’exemple le meilleur est celui des concours de la fonction publique française. Les étudiants bachotent puis se relâchent lorsqu’ils obtiennent le sésame d’admission. Le traité de Maastricht souffre du même vice que la fonction publique française : des critères élevés d’admission mais aucune clause prévue pour l’expulsion d’un membre de l’Euroland en cas de dérapages prolongés de ses déficits budgétaires.

Dans son roman de 1940 The Moon is a Harsh Mistress (La lune est une dure maîtresse), Robert Heinlein a popularisé les conséquences d’une zone économique déséquilibrée par l’adage “There ain’t no such thing as a free lunch.” Les déistes de l’Euroland ont cru qu’il était possible de transformer des cigales en fourmis. La crise va balayer cette chimère. Mon scénario est celui de l’éclatement de l’Euroland avec, d’un côté, les cigales du Club Méditerranée disposant d’une monnaie de pacotille et, de l’autre, une monnaie forte réservée au club étroit des fourmis.

Bernard Martoïa

P.S. : J'ai évoqué les objectifs contradictoires des trois grands pays de l’Europe (Allemagne, Royaume-Uni et France), dans un article du 1er mai 1997, "Euro versus Dollar", que vous pouvez consulter dans les archives de mon blog.


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