La France résiste
parfaitement …à toute réforme !
Il est facile de comprendre pourquoi l’agence de notation Standard & Poor’s
a abaissé la solvabilité de la France. Ce pays ne parvient pas à faire la
moindre réforme. Cela a aussi des implications pour l'ensemble de l'Europe.
La France est un bel exemple de la façon dont l'auto-évaluation d'un pays
peut diverger avec la réalité (1) : la « grande nation » est depuis
longtemps un gros problème. Le nouveau déclassement de sa note de crédit
n’est pas une surprise.
Les allégations arrogantes du Premier ministre Ayrault envers l'agence de
notation Standard & Poor’s, qui n’aurait pas pris suffisamment en
considération toutes les réformes que le gouvernement a menées jusque là,
étaient malheureusement également prévisibles. Elles montrent clairement que
le sommet de la classe politique en France constitue une partie du malaise.
(2)
Du point de vue allemand, le développement politique et économique en France
est une source de grande préoccupation. Comme la France est avec l’Allemagne
le leader de l’Europe, un gouvernement qui n’est pas à la hauteur de sa
tâche dans sa propre maison ne peut plus prétendre conduire l'Europe. En
outre s’ajoute le fait que la protection déjà chancelante de l'UE pour
sauver l'euro va empirer avec le déclassement de la solvabilité de la France
parce que Paris avec Berlin sont les deux plus grands contributeurs du Fonds
européen de stabilité financière.
Les violations continues des exigences du pacte de stabilité
Mais Berlin a une raison supplémentaire d'être en colère vis-à-vis de Paris
: les nombreux changements législatifs concédés à Bruxelles par la
chancelière Merkel en faveur d’une «union de stabilité» s’avèrent un
salmigondis de paragraphes en caoutchouc : la France répudie le nouvel
endettement, renie gaillardement toute obligation, et s’en tire en plus sans
dommage. Elle donne toujours le mauvais exemple aux autres nations
endettées.
Est-ce qu’une amélioration substantielle de nos voisins est en vue ? Non !
La France a non seulement un gouvernement faible, mais aussi une population
rétive à toute réforme. Même les plus petits changements provoquent de vives
protestations.
La fonction publique doit demeurer pléthorique. (3) Les coûts élevés de
main-d'œuvre, la faible capacité d'exportation et la rigidité du marché du
travail ne devraient pas non plus changer dans un avenir plus ou moins
rapproché. Ce sont de mauvaises perspectives non seulement pour la France,
mais aussi pour l'Allemagne et l'Europe. (4)
Christoph B. Schiltz
Die Welt
Notes du traducteur
(1) Cela fait longtemps que les Français sont atteints de schizophrénie.
Tout le monde le sait à l’exception d’eux-mêmes.
(2) La classe dirigeante technocratique, issue de l’ENA, est doublement
atteinte de schizophrénie car elle reste persuadée que son modèle
socio-économique est le meilleur du monde et qu’elle a toujours raison
envers et contre toute évidence prouvant le contraire. Sa réaction après la
dégradation de Standard & Poor’s le prouve une fois de plus
(3) Pas plus la fausse droite que la vraie gauche n’ont réussi à faire
maigrir le mammouth, qui est une chasse gardée des syndicats.
(4) Dans cette affaire de pacte de stabilité comme en d’autres concernant
les traités européens, ou tout dernièrement la jurisprudence de la Cour de
justice de l’Union européenne avec l’abrogation du monopole de la sécurité
sociale par l’arrêt n° 59/12, la France a autant de considérations pour
ceux-ci que pour les dix-sept constitutions dont elle s’est dotée depuis sa
révolution de 1789. Avant de se marier avec les Français en 1992, les
Allemands auraient dû y réfléchir à deux fois. Les filles vertueuses ne se
marient pas avec des libertins narcissiques qui n’ont cure de leur contrat
de mariage.
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