www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

17/9/22 Claude Reichman
     
                 Le temps des seconds couteaux !

Et si la crise française était tout simplement une affaire d’hommes ? La pensée politique moderne raisonne surtout en termes de structures, et à bien des égards ce choix est justifié. D’autant que les structures sélectionnent un certain type d’hommes, qui assurent le maintien des structures dont ils ont les commandes. Et c’est ainsi, comme le dit le langage populaire, que la boucle est bouclée.

La France contemporaine offre un parfait exemple de ce phénomène. L’Etat a progressivement mis la main sur l’économie du pays, régnant actuellement sur 63 % du Pib. Cela signifie que toute entreprise privée ne peut se maintenir qu’en respectant les consignes de l’administration. Il ne s’agit évidemment pas du respect des lois, qui s’impose dans toute démocratie, mais de la paralysie des initiatives qui résulte de l’omniprésence des règlements et des contrôles. Un entrepreneur aujourd’hui ne doit pas être audacieux, mais malin afin de parvenir à contourner les règles absurdes qui lui sont imposées.

De ce fait, les meilleurs esprits et surtout les plus capables se détournent de la vie publique, qui ne peut leur offrir qu’un destin bridé, et cherchent meilleure fortune dans une activité qui ne dépend pas de l’Etat. Il en reste encore, mais surtout à l’étranger. Près de trois millions de nos compatriotes se sont expatriés, désespérant de pouvoir s’accomplir en France. La politique n’a donc plus d’autre choix que d’attirer les moins doués et les moins entreprenants. C’est ainsi qu’on est arrivé à n’être plus régi que par des seconds couteaux.

Macron a bâti son pouvoir en s’appuyant sur trois seconds ou même troisièmes couteaux de la République (Collomb, Ferrand, Castaner) et sur quelques gamins et gamines n’ayant jamais eu de responsabilités. Macron lui-même n’est qu’un employé de banque illuminé, qui croit que la politique consiste à faire des discours. Et voilà comment la France est gouvernée depuis cinq ans et pour cinq ans encore.

L’opposition n’est pas mieux lotie. On ne peut mieux mesurer la dégradation du personnel politique qu’en considérant les candidats à la direction des Républicains. Retailleau et Ciotti se la disputent et ne sont pas des ténors. Voilà ce qu’il est advenu du parti fondé par le général de Gaulle !

Arrêtons ici cet inventaire. Il est suffisamment éloquent. La France va mal, elle a un impérieux besoin de réformes, et elle n’a personne pour les faire. Il ne reste sur le devant de la scène que de médiocres imprécateurs et de laborieux récitants, dont la cacophonie ne finit que par inspirer du dégoût au peuple.

Alors faut-il désespérer ? La réponse est dans le caractère de chacun. Et dans la vie, qui est synonyme d’espoir. Mais elle est aussi dans les actions de libération que certains conduisent. La liberté est la solution à la plupart de nos maux. Car elle permet l’initiative, et donc le changement. De nombreux exemples historiques, dont certains sont récents, montrent qu’un système oppressif s’effondre souvent très vite. Et que ce qui semblait impossible devient soudain évident.

Le plus tyrannique des systèmes est celui qui a le plus à craindre. Car il a à faire non pas à des groupements, qu’on peut toujours disperser, mais à des individus irréductibles. On a beau les emprisonner ou les tuer, il en surgit toujours quelques autres. Si peu nombreux soient-ils, ils empoisonnent l’existence du tyran. Qui ne sait plus quel artifice utiliser pour en finir avec leur contestation, et qui finit par faire une faute qui emporte le régime.

La France n’est pas la Russie de Poutine, ni la Chine de Xi. Mais elle est gravement affaiblie par son absence de démocratie. Or ce ne sont pas les remèdes préconisés par certains, comme le fait de ramener le pouvoir au niveau local ou régional, qui changeront quoi que ce soit au mal français. Ce mal, c’est le pouvoir donné aux structures officielles au détriment non pas d’autres structures, mais au détriment des individus. De Gaulle pensait que les prélèvements obligatoires ne devaient pas dépasser le tiers du produit intérieur. Il avait évidemment raison, même si le régime qu’il a créé a fini par doubler ce prélèvement. Pour revenir au tiers, il faut diminuer précisément d’un tiers ce qu’on prend dans la poche des Français. Et cela, on ne peut le faire qu’en libérant la protection sociale, qui coûte, excusez du peu, plus de 800 milliards d’euros et pèse lourdement sur toute activité.

Pour conclure, je vous propose une chanson :

Rêver un impossible rêve,
Porter le chagrin des départs,
Brûler d’une possible fièvre,
Partir où personne ne part.

C’est « L’homme de la Mancha ». Eh oui, Don Quichotte. L’éternelle image du combattant.

Claude Reichman





Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme