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18/9/09 | Claude Reichman |
Sécurité sociale : l’heure de vérité est proche ! Les mâchoires du piège se resserrent inexorablement. Privée de recettes par la crise, incapable de maîtriser ses dépenses, la Sécurité sociale française est sur le point de s’effondrer. C’est le pronostic du président de la Cour des comptes, Philippe Séguin, qui vient de déclarer devant les députés de la commission des affaires sociales : « On ne doit plus exclure toute augmentation des prélèvements sociaux. Ce serait une capitulation et l’explosion assurée du système. » Avant d’ajouter : « La Cour juge éminemment dangereux de laisse filer des déficits sociaux qui pourraient bientôt constituer de l’ordre de 10 % des flux annuels ». Ce qui signifie que le déficit de la Sécurité sociale dépassera prochainement 100 milliards d’euros ! Alors diminuer les prestations ? Quand on voit les hurlements que suscite le projet de hausse de 4 euros par jour du forfait hospitalier, et qu’on sait que cette mesure ne rapporterait que 400 millions d’euros, on a une idée de la difficulté de la tâche. Augmenter les cotisations ? Il y a au moins vingt millions de personnes en France qui ne s’en sortent plus, tandis que les entreprises disparaissent par centaines. Augmenter les charges de ces dernières et diminuer le revenu disponible de leurs salariés conduirait à une explosion sociale dont même les observateurs politiques les plus conventionnels et les plus prudents disent qu’elle peut survenir à tout moment. Le président de la République et son gouvernement se trouvent donc face à un problème insoluble dans les conditions habituelles. Jusqu’à présent, ils l’ont traité par l’endettement. Mais la moindre hausse des taux d’intérêt rendra la méthode inapplicable. Il ne leur reste donc plus - et désormais à brève échéance - qu’à se ranger à la solution qu’ils auraient dû mettre en œuvre depuis le 1er juillet 1994 : la suppression du monopole de la sécurité sociale. Nos lecteurs savent qu’elle a été édictée par deux directives européennes de 1992 et que celles-ci, à la suite du combat acharné que nous avons mené, ont été entièrement transposées dans le droit français. Nous sommes donc face à un simple problème d’application de la loi, ce qui dans un Etat de droit ne devrait provoquer aucune difficulté majeure mais qui, en France, où le pouvoir politique ne respecte plus aucun principe démocratique, s’apparente à une véritable révolution. A défaut de conduire celle-ci dans l’ordre et le respect des procédures, M. Sarkozy s’expose à des évènements dont la violence dépassera tout ce qu’on a connu dans notre pays depuis bien longtemps. Et qui se traduiront forcément par la chute du régime politique actuel. On n’a en effet jamais vu un chaos économique et social ne pas provoquer de changements politique radicaux. L’enjeu est donc capital pour la France. Et il ne reste plus beaucoup de temps pour prendre les bonnes décisions. La malchance - mais en est-ce vraiment une ou bien notre pays est-il victime de la sélection par la médiocrité de ses « élites » politiques ? - veut que le président de la République et son gouvernement aient atteint leur niveau d’incompétence et soient affectés par le syndrome du dernier poste si brillamment décrit dans « Le principe de Peter ». Plaçant au dessus de tout l’intérêt de notre pays et écartant toute considération politique, nous sommes prêts à mettre notre expertise sociale, acquise au long de plusieurs décennies de réflexion et d’action, au service du président de la République et de son gouvernement. En leur recommandant de faire leur cette phrase de Jean Monnet : « Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. » Claude Reichman
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