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9/2/06

Un dialogue entre Claude Reichman et Philippe de Villiers

Seule la rupture peut installer nos idées au pouvoir

Au cours de son Libre journal du 7 février 2006 sur Radio-Courtoisie, Claude Reichman recevait Philippe de Villiers. Nous publions l'essentiel de leurs propos.

Claude Reichman : Vous êtes en pleine campagne. Vous êtes en train de tenir un langage très dur. Recueille-t-il l'approbation de ceux que vous rencontrez en France ?

Philippe de Villiers : Je vais vous dire ma grande surprise. Au moment où la classe politique laisse s'installer l'islamisation rampante dans la société française, je n'entends aucune voix en son sein, je dis bien aucune, qui cherche à stopper ce phénomène. Parce que les hommes politiques ont peur. En revanche, partout où je vais sur le terrain, tous les jours dans un département différent, alors c'est l'enthousiasme, mêlé bien sûr à la peur de l'islamisation, compte tenu de ce qui se passe en ce moment avec la guerre des caricatures de Mahomet, mais l'enthousiasme en tout cas devant les quelques positions courageuses qui peuvent être prises par des hommes politiques. Je vois tous les jours des Français qui me remercient de dire des paroles de vérité.

Claude Reichman : Est-ce que la classe politique - à laquelle vous appartenez quoi qu'on dise, et c'est une simple constatation, même si aujourd'hui vous vous voulez en rupture - est capable d'évoluer, ou bien avez-vous choisi délibérément la rupture, constatant que cette classe politique est figée dans une position qu'elle ne pourra jamais quitter ?

Philippe de Villiers : Je vais vous répondre très franchement en toute humilité. Pendant des années, j'ai cru que sur l'essentiel, c'est-à-dire la grand libération des forces vives de notre pays : moins d'impôts, moins de réglementations, moins de charges, et sur la question de l'identité et de la souveraineté, j'ai cru que le système UMPS pourrait évoluer, et j'ai cru qu'à titre individuel des personnalités pourraient évoluer dans ce sens. Quand je constate l'évolution de quelqu'un comme Nicolas Sarkozy, il va en sens inverse. C'est lui qui a installé l'Islam comme religion d'Etat, il propose maintenant une politique d'immigration choisie, c'est-à-dire une politique d'immigration du travail qui va venir s'ajouter à l'immigration de peuplement, il propose le droit de vote pour les étrangers, la discrimination positive, le financement des mosquées par les contribuables. Alors j'en suis arrivé à une conclusion simple, qui a été difficile pour moi : c'est qu'il n'y a que la rupture avec le système qui permettra de créer les conditions d'un grand rassemblement populaire pour installer nos idées au pouvoir. Pas le pouvoir sans nos idées, pas les idées sans le pouvoir, parce que c'est alors la macération de toutes les amertumes, le pouvoir avec nos idées, nos idées au pouvoir. C'est la raison pour laquelle, je vous le dis tranquillement, je suis devenu l'homme du hors système.

Claude Reichman : C'est évidemment une information très importante. J'avais cru la deviner, mais il est bon que vous le disiez vous-même. Vous êtes donc maintenant en rupture, et c'est la réponse que vous faites à ceux qui vous accusaient, ou vous accusent encore, d'avoir finalement un pied dans le système et un pied dehors. Donc, maintenant, vous avez les deux pieds dehors.

Philippe de Villiers : Tout à fait. Mais je comprends ce reproche, parce qu'il est historiquement vrai. J'ai cru longtemps - on peut me reprocher cette naïveté mais je m'en suis défait - qu'on pouvait réformer le système de l'intérieur. En réalité le système est une broyeuse, qui instille dans la société française des poisons idéologiques. Et qui sont les suivants : le socialisme : la rédemption par l'impôt ; le communautarisme : l'idée que la France sera demain une juxtaposition heureuse de communautés ethniques, sexuelles, religieuses etc. et non pas une communauté unique au sens de l'intérêt de la France ; naturellement l'européisme : l'idée de la souveraineté partagée, et on voit ce que cela donne en matière de TVA ; le mondialisme : l'idée que la mondialisation est forcément heureuse et qu'il ne faut surtout pas avoir des champions nationaux et encore moins de champions européens ; bref, tous ces poisons idéologiques qui gangrènent la classe politique depuis une trentaine d'années.

Claude Reichman : Voilà un message particulièrement clair. Ce qu'il faut maintenant, c'est que l'avenir donne raison à ceux qui veulent la rupture, et vous savez que nous nous inscrivons nous aussi dans ce contexte.

Philippe de Villiers : Tout à fait.

Claude Reichman : Je pense qu'il va falloir faire cela en dehors des partis. Non pas que les partis n'aient pas leur rôle à jouer - il est éminent - mais le grand rassemblement des Français, me semble-t-il, doit se faire sans trop s'attacher à des frontières partisanes, et de ce point de vue là, si nous prêchons tous dans le même sens, nous serons rejoints par beaucoup de monde, quelle que soit d'ailleurs les appartenances des uns et des autres. Ensuite, le moment venu, - et nous avons lancé la Révolution bleue dans cet esprit - ce sont les partis politiques qui auront participé à ce grand élan, en dehors de la Révolution bleue ou en dedans, peu importe, mais qui s'inscrivent dans cette volonté de changer la France - qui prendront la conduite des opérations, et c'est normal, parce qu'en démocratie il appartient aux partis de présenter un programme détaillé, des candidats et d'essayer d'avoir des élus. Voilà l'idée que nous nous faisons de l'avenir. Vous dirigez un parti politique, vous êtes candidat à l'élection présidentielle. Pensez-vous qu'elle aura lieu à la date prévue ?

Philippe de Villiers : Je n'en ai pas la moindre idée. Je pense que oui.

Claude Reichman : Vous ne pensez pas que les événements risquent de hâter le processus ?

Philippe de Villiers : La santé du président de la République peut-être, mais je ne suis pas médecin et je n'ai pas d'information là-dessus. Ou alors la course à l'échalote entre Villepin et Sarkozy. Mais a priori je pense que l'élection aura lieu à l'époque prévue.

Claude Reichman : En tout cas, si l'élection a lieu normalement et s'il n'y a pas de rupture, on peut considérer avec certitude que les événements auront assez vite raison du président élu.

Philippe de Villiers : Oui, si l'on continue la même politique que celle qui a produit les échecs que nous connaissons, formaté les hommes que nous connaissons : ils se ressemblent tous, et le langage que nous connaissons et qui est le même à droite et à gauche. Je crois qu'aujourd'hui il y a deux urgences, et c'est là le fondement de mon programme présidentiel. Premièrement, reconstruire l'identité française, qui est en perdition. Pour la reconstruire, il faut une politique d'immigration zéro, et non pas une politique d'immigration choisie, il faut une politique de francisation, pour stopper l'islamisation de la société française. Par exemple une charte nationale sur les mosquées qui impose des contraintes très lourdes, draconiennes, parce que je considère que la France n'a pas vocation à devenir une terre d'Islam. C'est un point essentiel parce qu'il concerne l'identité de la France, sa substance, sa personnalité, alors qu'on est en train de vivre à la fois un changement de peuplement, de culture et de civilisation. Avec en plus une mémoire brisée : on a à la tête de l'Etat le champion du monde de la repentance. Quant à mon deuxième objectif, je crois que vous y serez sensible aussi, parce que je vous connais, je vous lis avec la plus grande attention depuis longtemps, et vous dites des choses très fortes et très justes, patiemment et avec sérénité. Si l'on veut rapatrier le travail en France, le relocaliser en quelque sorte, rapatrier les sièges sociaux, rapatrier les cerveaux et redonner le moral aux forces vives, je le dis à la lumière de mon expérience vendéenne, il faut faire confiance aux PME. Il faut redonner aux deux millions de petites et moyennes entreprises, qui créent les quatre cinquièmes des emplois et qui se battent pour l'association capital-travail et pour ne pas délocaliser, leur dynamisme par une grande politique de libération fiscale. Il faut aller très loin : 50 % des charges par exemple.

Claude Reichman : Je pense que vous avez parfaitement raison.

Philippe de Villiers : En Vendée, on a créé deux fois plus d'emplois en dix ans qu'au niveau national. Pourquoi ? Parce qu'on a quelques entreprises qui se comptent sur les doigts de la main et qui ont leur siège social ailleurs (Fagor, Brandt, SKF). Comme par hasard, ces entreprises sont en train de mettre la clé sous la porte et de délocaliser. En revanche, on a un tissu de PME, avec cette fameuse association capital-travail qui fait dire aux petits patrons : Moi, le travail, c'est aussi mon capital. Parce qu'une société, une économie ne peuvent pas vivre et prospérer s'il y a une dissociation du capital et du travail : le capital qui prospère au CAC 40 et le travail qui part en Chine. Ce modèle-là, le modèle à la française : petites communes, petites entreprises, petites associations, équilibre du territoire, cela c'est mon projet.

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