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4/2/12 | Claude Reichman |
500 signatures : une insulte à la démocratie !
La disposition imposant le « parrainage » de 500 élus pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle a été instituée pour éviter les candidatures « fantaisistes ». Il suffit d’observer les faits pour comprendre qu’en réalité il n’en est rien, et qu’il s’agit en fait de rendre difficile, voire impossible, à tout candidat « hors système » l’accès à la compétition électorale majeure de la Ve République, et donc de préserver les intérêts des partis qui dirigent le pays depuis 1958 (et même depuis 1945). La démonstration du caractère hautement antidémocratique de cette manœuvre est faite à chaque échéance présidentielle depuis plus de vingt ans. Le plus extraordinaire est que tout le monde peut le voir et que les hautes consciences politiques et médiatiques qui sont censées exprimer l’opinion du peuple s’accommodent fort bien de ce viol de l’esprit de nos institutions. Chaque élection présidentielle est marquée par la difficulté pour le candidat du Front national à recueillir ces fameuses 500 signatures, et celle de 2012 ne fait pas exception à la règle. Le candidat désigné par ce parti (Jean-Marie Le Pen jusqu’en 2007, sa fille Marine cette année) a toutes les peines du monde à recueillir les parrainages, au point que certains esprits forts le soupçonnent de faire semblant, ce qui est tout simplement ridicule puisque le viatique ne lui a été jusqu’à présent, et à chaque fois, délivré qu’à quelques signatures près, alors que les partis en place en ont beaucoup plus qu’il n’en faut. C’est le moment de rappeler quelques chiffres. Le candidat du Front national a obtenu 4 800 000 voix au premier tour de l’élection présidentielle de 2002, et 5 500 000 au second. En 2007, il a recueilli 3 800 000 suffrages au premier tour et a été absent du second. Sa représentante en 2012 est donc forte du poids de ces votes et personne ne peut qualifier sa candidature de « fantaisiste ». Pourtant elle a énormément de difficultés à obtenir 500 signatures d’élus et l’on ne sait pas, à moins de trois mois du scrutin, si elle pourra y participer. Qui ne voit l’énormité de ce scandale ? Des millions de Français ne sont pas assurés de pouvoir voter pour la personne de leur choix, tandis que les habituels donneurs de leçons « démocratiques » leur expliquent que leur candidate et son parti n’avaient qu’à cesser de critiquer le système s’ils voulaient être admis à concourir. Faut-il rappeler à ces parangons de vertu citoyenne l’article 4 de la Constitution selon lequel « la loi garantit les expression pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation » ? La volonté d’interdire l’accès à l’élection présidentielle prend encore plus de relief quand on fait observer que ce sont précisément les résultats des élections législatives précédentes qui suffisent à établir le droit au financement public des partis politiques et le montant qu’ils reçoivent. Il résulte de tout cela qu’il faut d’urgence modifier les règles d’accès à l’élection présidentielle. Tout candidat d’un parti ayant eu un représentant à l’élection précédente doit être dispensé de parrainage. Et pour les autres, si le parti qui les a désignés a participé à des élections récentes, quelle qu’en soit la nature, il doit en être de même. Reste le cas d’un candidat sans assise politicienne. Il doit suffire que
1000 citoyens le parrainent (ce qui n’est pas peu) pour s’assurer qu’il n’a
rien d’un plaisantin. L’histoire prouve qu’il n’y a jamais eu beaucoup de
fantaisistes prétendant se présenter à l’élection présidentielle, et ce
n’est pas l’éventuelle présence de l’un d’entre eux qui perturbera le cours
majestueux de la démocratie française.
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