Le sommet de Londres n’a rien résolu!
La quasi-unanimité qui a applaudi aux « résultats » du sommet de Londres
est telle que l’on a scrupule à jouer les Cassandre. Pourtant il faut bien
le dire : Non, ce sommet n’a rien résolu, et si c’est un événement
historique, comme la presse le qualifie, c’est dans un aveuglement qui
marquera l’histoire. A vrai dire, on pourrait s’effrayer de ce consensus de
meute aux abois. A la bulle immobilière a succédé la bulle financière.
Maintenant que cette dernière a elle aussi crevé, c’est une bulle
idéologique que l’on voit gonfler tous les jours. Gare au jour où elle
éclatera !
Pourtant, il n’y a pas besoin d’être un expert pour voir où le bât blesse.
Ce que nous annoncent les communiqués triomphalistes de Londres, c’est plus
d’endettement public, plus de fiscalité, plus de contrôle, en un mot plus d’Etat
et moins de liberté, par conséquent moins de prospérité et plus de chômage.
Comme si les chefs d’Etat du G20 avaient voulu démontrer que les peuples ont
plus de goût pour la servitude que pour la liberté.
Prenons la question la plus controversée, la plus scandaleuse, celle des
bien nommés paradis fiscaux. On oublie de dire la raison d’être de ces lieux
voués aux gémonies, c’est tout simplement la surimposition fiscale.
Contrairement à ce que l’on enseigne couramment, le fisc n’empêche pas le
marché de fonctionner, il augmente seulement le coût des transactions. Même
au pire temps du stalinisme, même dans un camp de concentration, le marché
continue de jouer son rôle d’ajustement de l’offre et de la demande au
meilleur prix.
Quelque chose qui paraît aussi anodin inoffensif qu’un droit de douane
s’apparente dans ses effets à l’obstruction d’une voie de communication :
les marchandises et les capitaux trouveront d’autres voies d’acheminement,
mais à un prix plus élevé. La censure des paradis fiscaux aura les mêmes
effets. Elle permettra aux Etats d’accroître leur prélèvement tout en
poussant le marché à trouver des moyens, toujours plus coûteux, de passer
aux travers des mailles de leurs filets prédateurs.
Quant au discours moralisateur qui accompagne les mesures qui ont été prises
à Londres, il est carrément obscène. Que des autorités religieuses ou
morales nous rappellent de temps en temps qu’il pourrait y avoir d’autres
buts dans l’existence que de gagner de l’argent, on peut l’admettre. Mais
que des hommes politiques et leurs complices dans le système bancaire
embouchent cette trompette-là, non !
Sans doute sont-ils paniqués et se sentent-ils menacés par les colères -
tout à fait légitimes - qui grondent chez leurs sujets. Mais cela ne
justifie pas pour autant cet excès d’hypocrisie - qui est en même temps un
contresens. Si les hommes étaient vertueux, on pourrait se passer d’économie
de marché. C’est justement parce qu’ils ne le sont pas que ce système a été
« inventé », qui est capable de dompter les passions humaines et de les
faire concourir, mieux que toute coercition, au bien de tous, dans un jeu à
somme positive.
Philippe Simonnot
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