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2/1/09 | Claude Reichman |
« Et si vous le permettez, Vive la France ! » Le 17 décembre dernier, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a prononcé à l’Ecole Polytechnique de Palaiseau un discours intitulé « Egalité des chances et diversité ». Le propos du président visait à définir une politique permettant aux personnes « issues des minorités », comme il est convenu d’appeler les immigrés et leurs enfants, « de progresser vers l’égalité réelle en s’attaquant à la fois aux causes et aux conséquences des inégalités, des injustices, des discriminations ». Soucieux d’éviter l’écueil du communautarisme et « le risque de voir la solidarité communautaire devenir plus forte que la solidarité nationale », et après avoir reconnu que « notre modèle d’intégration qui a fonctionné pendant un siècle, ne fonctionne plus », M. Sarkozy a consacré son discours à tenter d’expliquer qu’il fallait abandonner « l’égalitarisme pour mettre en œuvre une discrimination positive ». « Il n’y a pas de République réelle sans la volonté de corriger les inégalités, en traitant inégalement des situations inégales. C’est la clé », a précisé le président. Les solutions préconisées par M. Sarkozy vont du rétablissement de la mixité scolaire par le transport par car des élèves dans d’autres établissements (c’est le fameux busing, qui a si magistralement échoué aux Etats-Unis) au développement « d’internats d’excellence » par une politique de bourses, à l’expérimentation dans 100 grandes entreprises du CV anonyme, en passant par l’incitation des entreprises « à introduire la diversité au coeur de leur gestion des ressources humaines » sous la menace « de contrôles inopinés de la HALDE sur les lieux de travail », par la nomination de fonctionnaires issus de « la diversité sociale » et par « la promotion de la diversité dans la vie politique, chacune des formations politiques bénéficiant de financements publics devant remettre un bilan annuel sur les initiatives mises en œuvre et les résultats obtenus ». Bien entendu, ce cocktail de vœux pieux et de menaces n’a pas la moindre chance d’améliorer l’intégration des immigrés et encore moins leur assimilation. D’autant que le président de la République a prétendu situer cette politique dans le cadre du « métissage », commettant une grave erreur historique. La France ne s’est jamais métissée. Elle s’est certes enrichie d’apports humains nombreux et variés, mais qui ont adopté les valeurs, les coutumes et les lois de la France et sont devenus des Français comme les autres. Il n’y là aucun métissage, mais une assimilation. Chacun sait – ou devrait savoir – que cette assimilation s’est faite grâce à l’école, au service militaire et au travail. La France a livré son école aux descendants de 68 qui l’ont massacrée à loisir, elle a supprimé toute obligation militaire et asphyxié son économie sous le poids des prélèvements obligatoires, des contraintes administratives et de la promotion législative de la paresse par la diminution du temps de travail. Autant dire que dans une France ainsi organisée – on devrait plutôt dire désorganisée – non seulement on ne peut intégrer ni assimiler personne, mais de plus les Français de souche sont en train de sombrer en nombre sans cesse croissant dans la pauvreté et la misère. Le voilà le vrai défi de «l’égalité des chances ». Pour le relever, il faut d’abord l’avoir compris. Tel n’est manifestement pas le cas du président de la République. Il va donc continuer d’aller de discours en discours, de déplacements en déplacements, confondant la parole avec l’action, et la communication avec la volonté politique. Et pendant ce temps, la situation de la France continuera à se dégrader de plus en plus vite, jusqu’à l’explosion d’une société que l’on a privée de tout ce qui la faisait tenir debout et qui permettait aux Français de vivre ensemble tout en restant accueillants aux étrangers. Et ce n’est pas un hasard si M. Sarkozy, baissant pavillon devant « la diversité », a cru devoir terminer son discours de Palaiseau par cette formule honteuse : « Vive la République, une République des droits réels et non virtuels, et si vous le permettez, Vive la France ! » Nous n’avons quant à nous besoin de la permission de personne pour nous écrier « Vive la France ! ». Et ce n’est pas par hasard que nous le faisons à chacune de nos expressions publiques ! Claude Reichman |