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27/5/11 | Guy Sorman |
G8 : le sommet des cancres ! Le G8 est un club dominé par des cancres qui donnent des leçons de bonne conduite au reste du monde. Hormis les gouvernements du Canada (le moins endetté du G8) et de l'Allemagne (plus faible déficit budgétaire), les membres du G8 présents à Deauville sous la présidence de Nicolas Sarkozy sont tous d'épouvantables gestionnaires de leurs finances publiques. Pas plus les Américains que les Français ou les Italiens ne sont capables de contenir les dépenses de l’Etat à un niveau inférieur à celui de l'inflation : aucun n'est en mesure de rembourser la dette publique autrement qu'en s'endettant plus encore. Ces dettes extraordinaires ne sont pas l'héritage de la crise financière mondiale de 2008, mais de la réaction inadéquate à cette crise. Au nom du bon vieux keynésianisme qui n'a jamais marché nulle part, le gouvernement américain, suivi de près par le gouvernement français, a "relancé" par la dépense publique : la dette en résulte sans bénéfice économique mesurable. Ces bilans dans le rouge ne sont pas que comptables : l'endettement ralentit la croissance et détruit l'emploi parce que l'argent public est moins contributeur de richesses que l'investissement privé. Le G8 en groupe n'est donc pas légitime à sermonner ceux qui gèrent plus mal encore, comme les Grecs : ceux-ci font valoir, à bon droit, que les Français et les Allemands furent les premiers à violer les règles de la zone euro et à prêter aux Grecs pour qu'ils agissent de même. Les appels du G8, à l'initiative de Nicolas Sarkozy dont c'est devenu le
fonds de commerce, à un nouveau système monétaire international, sont tout
aussi peu légitimes : si le dollar et l'euro étaient gérés de manière stable
et prévisible, le système actuel des taux de change flexible donnerait toute
satisfaction. Tout de même, le club des cancres n’a t-il pas de bonnes
intentions ? Comme prêter aux pays arabes en voie de démocratisation ? De
bons sentiments, mais le geste est inutile si les économies arabes ne sont
pas au préalable réformées, pour passer de l'actuel "capitalisme des
copains" à une véritable économie d'entreprise. Paradoxalement, le G20 est plus sérieux parce qu'y siègent des
gouvernements comme ceux du Brésil, de l'Inde et de la Corée du Sud, qui
sont à même de rappeler que le libre échange et l'économie de marché les ont
extraits de la misère de masse, en une génération. Ce qui manque au G8, et
au G20 à un moindre degré, est une autorité indépendante extérieure, comme
le fut naguère le FMI. Dans les années 1980, le FMI assortissait ses prêts
de recommandations, dites "conditions", destinées à remettre les cancres sur
le chemin du développement. Ces conditions furent souvent critiquées, mais
ceux qui les suivaient (Corée du Sud, Turquie et de nombreux pays africains)
guérirent de l'inflation et de la stagnation. Le FMI était indépendant, il
avait une doctrine vérifiée par l'expérience : c'était avant que Dominique
Strauss-Kahn ne le transforme en une boutique de relations publiques avec
l'ambition folle d'en faire un gouvernement mondial.
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