Comment sortir du socialisme ?
Beaucoup de Français, une majorité sans doute, sont conscients de ce que la
France s’enfonce. Ils sont en outre d’avis que la cause principale en est le
manque de liberté accordée au peuple, qui lui fait accepter une immigration
excessive, qu’il aurait normalement récusée, et des impôts qui empêchent
l’initiative et le progrès économique. Et pourtant personne ne fait rien
pour que cela change. Bien entendu, chacun va pouvoir s’indigner et mettre
en avant ses protestations. Il n’empêche que les faits sont là : rien ne
bouge en France. Sauf dans le mauvais sens.
Cet immobilisme a une cause unique : chacun pense qu’il a plus à perdre au
changement qu’à la stabilité. Une telle situation a un nom : le socialisme.
A force de prendre et de distribuer de l’argent, les gouvernants ont fini
par stériliser la population. Le mot vise aussi bien la baisse des
naissances que celle des entreprises. Si vous voulez vous faire connaître,
le meilleur et presque le seul moyen est de passer à la télé dans une
émission où tout le monde rigole, et en cas de succès de devenir influenceur.
Ou plutôt influenceuse, car les filles réussissent mieux à persuader que les
garçons. En revanche ne devenez surtout pas professeur de médecine, car à
bac plus trente, vous avez sur le dos une horde de fonctionnaires qui
cherchent à vous faire comprendre ce qu’est la médecine.
Cette stérilité est telle que quand on veut dépenser de l’argent pour
relancer l’économie, on ne sait pas qu’en faire. L’Union européenne a voté
un plan de relance de 800 milliards. A part l’Italie, qui a réussi à
utiliser la moitié de sa part, les autres Etats en sont au mieux au tiers
de leur dû, soit même à zéro, come la Suède. Soyons tout de même fiers
d’être français, car nous avons utilisé 58% des fonds alloués. Pendant ce
temps, les Etats-Unis ont entièrement consommé les 2000 milliards de leur
deuxième plan de relance. Cela signifie que l’économie américaine est
vivante et que celle de l’Europe vit une longue agonie socialiste.
Les élections européennes vont avoir lieu dans un mois. Les partis
politiques ne parviennent même pas à publier un semblant de programme. Cela
fait penser à nos pieds-noirs qui se saluaient d’un «Et alors ? », auquel il
fallait répondre « Et voilà ! ». Cela s’est mal terminé pour eux, qui ont dû
traverser la Méditerranée dans le sens du retour. Nous autres, Français de
maintenant, nous n’aurons pas de mer à traverser, mais peut-être un océan où
nous noyer. La France est à cet égard bien lotie, puisque entourée de mers
sur deux de ses côtés. Quel programme !
Le grand problème auquel nous sommes confrontés est donc la sortie du
socialisme. Elle ne peut passer que par la suppression d’une grande partie
des organismes dont il s’est orné au fil des décennies. Si l’on supprime les
régions et qu’on abroge le monopole de la sécurité sociale, que ce soit pour
l’assurance maladie, les retraites et les allocations familiales, on aura
fait une bonne part du chemin. Le reste suivra naturellement, car la
population aura retrouvé le besoin de travailler et peut-être, qui sait, le
goût. Personne aujourd’hui n’ose formuler de telles propositions, tant ces
dispositifs sont ancrés dans les mœurs et les esprits. C’est pourtant par là
qu’il faudra passer, tant on y laisse chaque jour une bonne partie de notre
substance.
Nous n’avons guère le choix qu’entre le fatalisme et l’activisme. Je choisis
délibérément l’activisme, car c’est la seule chance d’influer sur les
évènements. L’humanité a toujours été balancée entre ces options. La plus
simple a toujours été le fatalisme. C’est le lot de la majorité du peuple.
Il ne demande que de maintenir en soi le goût de vivre et la force de
supporter. En soi, dans les périodes les plus graves, cela demande beaucoup
de force d’âme. Même la résignation n’est pas simple. Elle fait voir le
monde comme on ne l’a jamais vu, un bien magnifique auquel on n’aura plus la
moindre part, excepté celle qui permet encore de respirer.
L’activisme a un ennemi intérieur : le découragement. Il est le lot de tous
ceux qui se battent. Car la victoire est le plus souvent lointaine. La force
d’âme n’est pas donnée à tous. Elle est un don du ciel, et sans doute de la
génétique. L’activisme a un autre ennemi, qui peut d’ailleurs être extérieur
à soi-même : le fanatisme, qui conduit à toutes les catastrophes. Mais tout
bien pesé, les chances d’obtenir un résultat heureux ne sont pas nulles dans
l’existence humaine. La preuve en est que notre espèce a surmonté tous les
obstacles pour parvenir à son état actuel et qu’il n’y a pas de raison pour
que ses représentants actuels n’y parviennent pas aussi.
Ce qu’il faut avant tout, en plus du courage, c’est du sang-froid. Perdre
ses nerfs est le meilleur moyen d’échouer. Celui qui dirige la manœuvre,
qu’il soit capitaine de navire, chirurgien ou pilote de ligne, a entre ses
mains de nombreuses vies humaines. Le général d’une armée a encore plus sous
ses ordres. Cela ne doit pas le paralyser. J’ai toujours remarqué le
sang-froid des responsables. C’est une qualité humaine éminente. Quand il
leur fait défaut, les conséquences sont le plus souvent désastreuses.
Je n’ai exposé ces données que pour persuader chacun que tout espoir n’est
pas perdu. Et pour l’inciter à l’action. Pour le reste, que la chance soit
avec nous. Elle sourit, dit-on, aux audacieux. Et peut-être aussi à ceux qui
savent lui sourire !
Claude Reichman
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