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30/11/11 Bret Stephens
               L’écologie est en fait une religion !

Comment meurent les religions ? En général, elles ne disparaissent pas, ce qui explique pourquoi il y a si peu de littérature sur le sujet. Le Zoroastrisme, par exemple, a perdu beaucoup de ses textes sacrés quand Alexandre le Grand a détruit Persépolis en 330 avant JC, et la plupart des Zoroastriens se sont convertis à l'Islam il y a plus de 1000 ans. Et pourtant, il y a encore 210 000 adeptes dont 11 000 vivent aux États-Unis. Christopher Hitchens pourrait vous répondre que vous ne pouvez pas tuer ce qui n'était pas là pour commencer. Pourtant, Zeus et Apollon ne sont plus avec nous, ni Odin et Thor. Parmi les dieux laïques, Marx est mort ainsi que Freud. Quelque chose les a emportés et il est bon de se demander de quoi il s’agit.

Prenons le cas du réchauffement climatique, un autre système de prophétie de fin du monde, et de sa foi dans les choses invisibles. Comme avec la religion, il est présidé par une caste de gens sans attrait spectaculaire qui semblent détenir une forme obscure de connaissance promettant de faire reculer les mers et tomber les vents. Comme avec la religion, il est livré avec une liste détaillée de vertus, de vices et d’indulgences. Comme avec la religion, ses revendications sont souvent non ouvertes à la contradiction. Le «changement climatique» est un terme commode lorsque les thermomètres ne suivent pas la courbe de tendance attendue. Comme avec la religion, il est dur envers les sceptiques, les hérétiques et autres «négationnistes». (1) Et comme avec la religion, il est sensible aux tentations terrestres de l'argent, du pouvoir, de la politique, de l'arrogance et de la tromperie. (2)

Cette semaine, le conclave des cardinaux du réchauffement climatique se tient à Durban, en Afrique du Sud, pour sa dix-septième conférence en autant d'années. L'idée est de proposer un successeur au Protocole de Kyoto qui arrive à expiration l'an prochain et d'exiger des pays riches 100 milliards de dollars par an pour aider les pays pauvres à faire face aux effets présumés du «changement climatique». C’est vital car en 2017 le réchauffement climatique deviendra «catastrophique et irréversible», selon un récent rapport de l'Agence internationale de l'énergie.

Pourtant, une chose curieuse s'est produite sur le chemin de l'apocalypse climatique, à savoir l'apocalypse financière. Les Etats-Unis, la Russie, le Japon, le Canada et l'Union européenne ont tous confirmé qu’ils ne signeront pas un nouveau Protocole de Kyoto. Les Chinois et les Indiens ne veulent pas faire un geste à moins que l'Occident n’en fasse autant. L'idée que les riches (ou anciennement riches) vont donner 100 milliards de dollars chaque année à la Micronésie est risible, surtout après qu'ils ont dépensé cette somme pour la Grèce uniquement.

Le marché de plafonnement et d'échange du CO2 est mort aux États-Unis. Même l'Europe commence à avoir des doutes sur les objectifs de réduction du carbone qui déciment ses industries lourdes et lui coûtent environ 67 milliards de dollars par an. (3) Les technologies «vertes» sont trop coûteuses et même dangereuses pour l'environnement, (4) sans compter qu’elles sont très impopulaires.

Tout cela a été suffisant pour mettre le programme politique de Durban en veilleuse pour le moment. Mais les religions ne meurent pas et prospèrent souvent quand elles sont mises à l'écart. Une religion meurt seulement quand ses fidèles perdent la foi.

C'est là que les courriels du «Climategate» entrent en scène. D'abord publiés à la veille du sommet de Copenhague sur le climat il y a deux ans, et récemment mis à jour par un nouveau flot déballé sur la place publique, les courriels du «cacher la vérité» sont une source inépuisable de fascination et d’amusement pour ceux qui n'ont jamais été convaincus par la thèse du réchauffement planétaire.

Mais la seule chose qui intéresse la secte verte, c'est d’avoir introduit le principe de précaution, dont la motivation réside dans ses prévisions de plus en plus frénétiques de catastrophe imminente. Des documents ont été retirés et des sources réexaminées. Il s'avère que les glaciers de l'Himalaya ne vont pas fondre dans trente ans. Personne ne peut prédire non plus avec certitude la montée des eaux des mers. Le Groenland n'est pas redevenu vert et la Floride est toujours là.

La réponse alarmiste des tenants du réchauffement climatique à la suite de ces fuites n’a rien changé à la science sous-jacente. Elle a seulement clarifié quelques détails. Alors que faire du dernier rapport de l’O.N.U., qui fait prétendument autorité sur les événements météorologiques extrêmes et qui est teinté de doute et d'incertitude ? Curieusement, le rapport a laissé les militants du climat bégayer de rage face à ce qu'ils appellent ses prédictions «édulcorées». Si rien d'autre n’est fait, ils savent parfaitement que tout système de croyance, en particulier celui du réchauffement climatique, ne peut pas survivre longtemps s’il y l’ombre d’un doute.

En attendant, le monde est toujours là. 2232 jours (5) se sont écoulés depuis qu’un ouragan de catégorie 5 a frappé les États-Unis : c’est la plus longue période au cours de laquelle les États-Unis n’ont pas subi de tempête dévastatrice. Les grandes religions sont assez sages pour éviter de donner la date exacte de la fin du monde. Les religions ne sont pas aussi sottes que la secte verte. Attendez-vous à ce que la cosmologie maya perde un peu de son attrait quand la terre ne s'arrêtera pas de tourner le 21 décembre 2012. Attendez-vous également à ce que le réchauffement planétaire ne s'avère ni catastrophique ni irréversible d’ici 2017.

Mais il ne faut surtout pas sous-estimer les religions : elles sont soutenues dans le long terme par les consolations de leurs enseignements et par le charisme de leurs dirigeants. Avec le réchauffement climatique, nous avons affaire à une religion dont les dirigeants sont enclins à des spasmes de colère mais dont les fidèles commencent à être en proie à l’ennui et au doute. Cela pourrait être la cause de sa disparition.

Bret Stephens

Notes du traducteur :

(1) La secte verte qui est très influente en France poursuit tous les négationnistes qui osent défier le dogme du réchauffement climatique. Claude Allègre, l’ancien ministre socialiste, a été cloué au pilori. Pour ma part, j’avance l’explication suivante à l’extraordinaire succès de la secte verte en France. Celle qui fut dénommée la fille aînée de l’église catholique, avant la funeste séparation de l’État et de l’Église en 1905 par les enragés radicaux menés par Georges Clémenceau, a connu le plus fort recul de pratiquants au monde de cette religion. Mais la quête de spiritualité n’a pas disparu pour autant dans notre vieille nation capétienne. Après la disparition du dieu Marx en novembre 1989, les orphelins ont embrassé le dieu de la Terre. Comme les marxistes, les écologistes sont insensibles à la logique et aux faits qui contredisent leur dogme.

(2) La secte verte n’est pas un corps homogène. La base intransigeante, représentée par la candidate à l’élection présidentielle Eva Joly, ne fera aucune concession sur l’arrêt des centrales nucléaires. En revanche, les cadres du parti, comme la secrétaire nationale Cécile Duflot, ne sont pas insensibles aux sirènes du pouvoir et du faste qui l’accompagne avec un poste de ministre à la clé. Quelle faction l’emportera en 2012 ? Cela évoque une période noire de l’histoire française avec l’affrontement des Girondins et des Montagnards sous la Terreur.

(3) Déjà durement concurrencée par un monde qui avance beaucoup plus vite qu’elle, l’économie française s’est tiré une balle dans le pied avec le Grenelle de l’environnement qui a été lancé en 2007 par un gouvernement de la fausse droite. C’est un miracle qu’il reste encore quelques industries sur notre territoire soumis à la terreur des écologistes, de l’URSSAF et des inspecteurs des impôts qui pourchassent inlassablement ceux qui ont trouvé refuge dans l’économie souterraine en raison des taxes écolo, des charges sociales et des impôts insoutenables pour les petites et moyennes entreprises qui ne peuvent pas se délocaliser à l’étranger comme les grandes.

(4) Des milliers d’oiseaux migrateurs sont tués par les éoliennes. Mais les amoureux de la déesse Terre ne veulent pas en entendre parler !

(5) Une référence implicite à l’ouragan Katrina du 31 août 2005 qui a dévasté le delta du Mississipi.


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