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2/10/09 | Claude Reichman |
France Télécom ou le suicide français ! Les suicides à France Télécom sont les éléments annonciateurs du drame qui va submerger la France dans les mois et les années qui viennent. Au-delà de l’aspect individuel de ces actes désespérés, il y a essentiellement la difficulté d’adaptation du personnel de cette entreprise naguère publique à la concurrence mondiale à laquelle l’ancien monopole des télécommunications doit faire face. Proche de la faillite il y a moins de dix ans, le groupe a été redressé au prix de mesures énergiques qui lui permettent aujourd’hui d’afficher un bénéfice net de 4,1 milliards d’euros. France Télécom emploie 190 000 salariés, dont 102 000 en France, parmi lesquels 66 000 sont fonctionnaires. Bien que le statut des employés qui se sont suicidés n’ait pas, jusqu’à présent, été précisé dans les médias, il y a tout lieu de penser que les fonctionnaires y sont en majorité, ce qui signifierait qu’entrés dans l’entreprise pour y mener une carrière paisible et garantie, ils ont plus de mal que d’autres à s’adapter à l’univers concurrentiel. On peut sans hésiter étendre le cas de France Télécom à celui de la France elle-même. Vieux pays centralisé, malgré une régionalisation qui n’a fait que l’alourdir, et comptant environ le quart de fonctionnaires ou assimilés dans sa population active, contre 13 % dans les pays du G7, il est en outre affligé d’un système de protection sociale qui absorbe plus de la moitié de ses dépenses publiques. La crise mondiale a fait exploser cette organisation, qui donnait déjà des signes d’effondrement alors même que la croissance mondiale était au beau fixe. Les déficits astronomiques qui en résultent ainsi que la dette ont maintenant échappé à tout contrôle et le gouvernement en est réduit à remettre à la fin de la crise – dont il ne sait évidemment pas quand elle aura lieu – les mesures de redressement des comptes publics, dont il n’a pas non plus la moindre idée. Pour se donner un peu de baume au cœur, il a imaginé de diviser le déficit en deux. Selon lui, il y a aurait un déficit structurel, celui que nous enregistrions avant la crise, et un déficit conjoncturel, celui que nous subissons à présent et qui est trois fois supérieur à l’autre. Ce que nos « responsables » - en fait irresponsables – n’ont pas compris, c’est que le déficit conjoncturel actuel n’est autre que le nouveau déficit structurel. Comme l’a justement déclaré Nicolas Sarkozy, qui ne se rendait manifestement pas compte de ce qu’il disait, « plus rien ne sera comme avant ». Notre économie s’est littéralement effondrée, et on ne la redressera qu’au prix de mesures radicales qui remettront en cause toute l’organisation de la société française. C’est cela la nouvelle structure de la France, et celle d’avant la crise ne renaîtra plus jamais. Voici que s’ouvre le temps de la plus grande révolution qu’ait connue notre pays depuis celle de 1789. Il ne s’agit pas en effet d’une simple dévolution du pouvoir politique, mais d’un nouvel ordre économique et social, qui s’accompagnera évidemment d’un bouleversement de la représentation des Français. Nos compatriotes ne savent manifestement pas ce qui va leur arriver, ou plus exactement ils ne veulent pas le savoir, se sentant impuissants à forcer le destin. Il est vrai que nous sommes le peuple le plus mal gouverné parmi ceux des pays développés du monde entier et que les citoyens n’ont plus aucun respect ni aucune confiance dans ceux qui exercent ou ont exercé le pouvoir. Alors comme personne n’est vraiment prêt en France, hormis les grandes entreprises mondialisées, à affronter le choc des réalités internationales devenues réalités nationales, il va y avoir « du sang et des larmes » chez tous ceux qui étaient habitués depuis des décennies à vivre, sous l’abri de l’Etat et des monopoles, une gratuité heureuse et sans cesse étendue, sans se douter qu’il faudrait un jour en payer le prix. La seule façon d’éviter non pas ces graves difficultés – elles sont inéluctables – mais le désespoir qui en découle, c’est de confier le gouvernement du pays à des hommes et des femmes issus de la société civile et qui, forts de l’expérience acquise dans des activités concurrentielles, montreront à leurs compatriotes la voie à suivre et mettront en œuvre les solutions gagnantes. Notre pays s’est en fait perdu par la faute de ses mauvais gouvernants. Continuer à les maintenir en place serait un suicide. Espérons que l’instinct de vie triomphera ! Claude Reichman
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