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11/2/23 | Claude Reichman |
Il faut supprimer les régimes de retraite !
Au lycée, j’avais un copain qui portait une vieille canadienne été comme hiver. Je lui ai demandé un jour pourquoi il ne l’enlevait pas l’été. Il m’a regardé avec stupeur. Il ne voyait aucune raison de se défaire de son vêtement selon la saison. La conversation entre nous ne s’est même pas engagée. Il a tourné le dos et s’est éloigné comme on prend ses distances avec un fou. Je vais prendre aujourd’hui le risque que mes lecteurs m’infligent le même sort que mon copain. En effet, je vais affirmer que la retraite est une institution qu’il faut faire disparaître d’urgence. On a commencé à prendre sa retraite depuis que les êtres vivants ont existé. On se retirait tout simplement. Selon les mœurs en vigueur dans l’espèce à laquelle on appartenait, on était secouru ou éliminé. Quand l’homme est devenu agriculteur, il s’est bâti une maison assez vaste pour y accueillir sa famille. Et quand l’âge venait, les anciens y gardaient toujours une place, aidant les plus jeunes comme ils le pouvaient par des travaux que permettait leur âge. Quand l’ère industrielle est survenue, au XIXe siècle, les usines ont eu besoin de bras et les ont naturellement trouvés dans la population paysanne. C’est ainsi que les agriculteurs sont devenus des ouvriers. Ceux-ci durent se loger dans les villes et l’habitat urbain ne permit plus aux familles d’abriter leurs anciens devenus âgés. La solution retenue par la société fut donc de donner à ces derniers les moyens de subsister pendant leur vieillesse en créant des régimes de retraite. Les régimes de retraite ont été créés sous l’égide des Etats. C’est la raison pour laquelle aucun, aujourd’hui, ne fonctionne très bien, même si certains vont mieux que d’autres parce qu’ils ont choisi la capitalisation plutôt que la répartition. La différence entre les deux réside dans le fait que la capitalisation est fondée sur l’épargne, au contraire de la répartition, qui elle consomme du capital. Mais le point essentiel est que ces régimes ne laissent pas aux travailleurs leur choix de vie. Et c’est cela qui les rend odieux. Car un travailleur moderne, dans les pays développés, est parfaitement capable de choisir où placer son épargne et à quel moment se retirer de la vie active. Autrement dit, ce que prédisait Bastiat au milieu du XIXe siècle s’est réalisé. L’Etat s’est emparé de la mutualité et celle-ci a perdu son lien avec les individus, qui eux-mêmes ont perdu leur liberté. Le terme de mutualité ne vise évidemment pas ce qu’on appelle ainsi en France, mais simplement l’association de personnes autonomes qui se groupent pour donner plus d’assise à leurs efforts. La mutualité peut ainsi désigner tout ce qui se fait mutuellement, qu’il s’agisse de fonds de pension ou de placement. Le critère absolu dans tous les cas où l’on prépare son avenir de travailleur âgé est la liberté. C’est la raison pour laquelle il faut supprimer les régimes de retraite et les remplacer par une fiscalité de l’épargne moderne et juste. Tout placement doit être traité de la même manière, dans une limite correspondant à ce qu’il est raisonnable de consacrer à son avenir. On en finira ainsi avec tous ces débats vaseux et parfois sordides où chacun a son opinion sur l’âge auquel on doit cesser de travailler, alors que ce choix ne doit relever que d’une décision personnelle au vu de ce que chacun a librement épargné. En France, la retraite dirigée par l’Etat stérilise chaque année 350 milliards d’euros. Cette somme énorme ne vitalise pas l’économie mais est détruite chaque année par les retraités. Certes ces derniers consomment, mais l’impact de la consommation sur l’économie est sans commune mesure avec celui de l’investissement. On a donc détruit l’économie française par la retraite par répartition, et c’est l’œuvre du communisme qui a imposé ce système dans l’objectif évident de priver les citoyens de leur indépendance et de laisser ainsi libre cours aux menées collectivistes. Le débat actuel sur les retraites dans notre pays illustre parfaitement les méfaits du système français. On va finir par s’entretuer entre compatriotes pour savoir qui doit partir plus tard ou plus tôt en retraite. Alors même que la diminution tragique du nombre de cotisants rend impossible le maintien du système. De grâce, enlevons notre canadienne dès cet été et revêtons des tenues adaptées au monde moderne. Et pour l’hiver, il existe des manteaux légers et chauds qui n’entravent pas nos mouvements. Bref, évoluons. C’est la loi de l’humanité ! Claude Reichman
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