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27/6/09 | Claude Reichman |
Monsieur le Premier ministre, votre système est foutu ! Il faut retenir ce qu’a dit François Fillon. En déplacement à Nogent-le Rotrou le 26 juin 2009, le Premier ministre a prononcé ces phrases : « Les déficits structurels atteignent aujourd’hui des niveaux qui peuvent compromettre la survie même de nos systèmes économiques si nous ne parvenons pas à les maîtriser. » « Depuis des années notre laxisme budgétaire ronge les capacités d’action de la puissance publique, démobilise l’Etat, décourage les entrepreneurs et érode notre compétitivité. » « In fine, il ne faut pas s’y tromper, c’est notre pacte social lui-même qui est mis en danger par ce laxisme budgétaire. L’ère de la facilité est terminée, la crise est d’une certaine façon l’électrochoc qui nous dévoile cette vérité. » Ceux qui nous font l’honneur de nous lire et de nous écouter auront reconnu le diagnostic que, depuis de longues années, nous avons porté sur la situation de la France. Et si l’on veut exprimer brutalement le jugement du chef du gouvernement, on peut le faire ainsi : « L’économie française ne peut plus résister aux prélèvements insensés auxquels la soumettent les dépenses publiques. Nos entreprises sont en train de s’effondrer et de disparaître les unes après les autres. La Sécurité sociale va s’écrouler. Et tout cela, qui n’est pas nouveau, c’est la crise mondiale qui nous l’a révélé. » La seule question qui mérite d’être posée est donc la suivante : Puisque le Premier ministre fait sienne notre analyse, pourquoi n’adopte-t-il pas nos solutions ? Or au contraire, s’il parle bien de « continuer à nous battre pour réduire les dépenses de l’Etat », il a repris l’antienne du président de la République annonçant un grand emprunt destiné à financer « les dépenses et donc certains déficits liés à la crise ou à l’investissement qui sont nécessaires à la croissance future ». Ce qui démontre que le Premier ministre n’a rien compris ou bien qu’il s’interdit de comprendre. Ce dont la France a besoin, ce n’est pas d’investissements publics mais d’investissements privés. Seules les entreprises sont à même de les réaliser. Pour ce faire, il faut à la fois baisser drastiquement les impôts et les charges qui pèsent sur elles et redonner vie au marché intérieur français, qui est le soubassement indispensable à toute expansion extérieure. Les salariés – et les non salariés aussi – souffrent pour l’essentiel du montant des prélèvements sociaux sur leur rémunération. Sait-on que le salaire réel, en France, est de 80 % supérieur au salaire net ? Gagner à peine plus de 1000 euros par mois et en gagner 1800, ce n’est pas la même chose. Et c’est pourtant ce que toucherait un smicard si les charges personnelles et patronales n’amputaient pas sa rémunération ! Des salariés enfin payés convenablement peuvent consommer, épargner, investir. Ils sont le terreau nourricier de nos entreprises. Qui elles-mêmes ne peuvent vivre et prospérer qu’en dégageant des marges de rentabilité suffisantes et en n’étant pas empoisonnées dans leur existence quotidienne par la nuée de lilliputiens accrochés coûteusement à leur basques et dont l’unique motivation est de les gêner assez pour justifier leur existence et l’argent qu’ils touchent. Alors oui, Monsieur le Premier ministre, le système dont vous avez la charge est foutu ! Voulez-vous couler avec lui et faire couler les Français en même temps ou êtes-vous capable d’un moment de courage qui ne soit pas purement verbal ? Votre voie est tracée. Il vous faut faire vôtres nos solutions, c’est-à-dire permettre à la France de devenir un pays normal dans le monde moderne, et soit y convertir le président de la République, soit démissionner en disant pourquoi. C’est pour vous la seule façon désormais de vous conduire en gouvernant et non en politicien ! Claude Reichman
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