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La tactique du gendarme |
25/7/04 | Claude Reichman |
Dormez en paix, braves gens, les gendarmes veillent sur vous ! C'est ce
que doivent penser les Français après " l'opération coup de poing " qui a vu
40 pandores flanqués d'une soixante de fonctionnaires membres des administrations
que-le-monde-entier-nous-envie (URSSAF, services fiscaux, répression des fraudes,
inspection du travail) débarquer dans un centre commercial de Créteil (Val-de-Marne)
afin d'y vérifier si la douzaine de restaurants qui y sont abrités emploie illégalement
des salariés. Le bilan est maigre. Quatre infractions constatées ! Ce qui n'a pas
empêché la maréchaussée de placer trois gérants en garde en vue. Non, mais des fois !
Les assassins n'ont qu'à bien se tenir dans notre pays ! Ce genre de démonstration est typique (pathognomonique, disent les médecins) des fins de régime. Quand les administrations et les politiciens qui les commandent se trompent à ce point de priorités, c'est qu'ils ont perdu jusqu'au sens commun et qu'il est grand temps qu'un nouveau pouvoir les ramène à leurs véritables missions. Il n'est jusqu'au moment choisi pour déclencher cette opération qui ne donne une image désastreuse des pouvoirs publics. La France profonde bruit d'une indignation de moins en moins contenue contre l'indulgence manifestée par la justice à l'endroit des violeurs et des assassins récidivistes et, de manière plus générale, contre l'impuissance des forces de l'ordre à faire reculer l'insécurité ailleurs que dans les statistiques truquées, et voilà qu'on monte une opération à grand spectacle contre quatre travailleurs au noir présumés et trois gérants de restaurants! Bien entendu, dans le même temps, le gouvernement ne prend aucune des mesures qui pourraient ramener la paix civile et sociale dans notre pays. La première d'entre elles consisterait à remettre les Français au travail, ce qui limiterait forcément le recours à des étrangers pour occuper certains emplois. Du même coup on pourrait supprimer aussi la politique d'assistance généralisée qui est à la fois la cause et la conséquence de la paresse nationale et qui explique pour une bonne part le flux migratoire qui augmente chaque année d'environ 400 000 unités la population étrangère de la France. Les politiciens ont peur de ne pas nous manquer Le moyen existe. Il figure même en toutes lettres dans les lois de la République. Il a nom : liberté de la protection sociale. Le code de la sécurité sociale, le code de la mutualité et le code des assurances détaillent toutes les mesures qui permettent de s'assurer ailleurs qu'à la Sécurité sociale. Et c'est jusqu'au contrôle de la gestion de cette dernière dans les mêmes conditions qu'une entreprise d'assurance qui vient de faire son entrée dans l'arsenal législatif et réglementaire, à l'occasion de la parution du décret du 15 juillet 2004 (voir à ce sujet le communiqué du MLPS publié sur notre site). Alors pourquoi le gouvernement continue-t-il de dissimuler aux citoyens la révolution qui va leur redonner l'espoir et se perd-il dans des " opérations coup de poing " dérisoires et inutiles ? Pourquoi ? Parce qu'il a peur. Peur des syndicats ? Pensez-vous. Ils ont à peine mené un baroud d'honneur contre des textes dont ils connaissent l'existence et l'applicabilité depuis dix ans. Non, c'est de la liberté des Français que les gouvernants ont peur. Je rappelais récemment cette phrase, ô combien vraie dans le contexte français actuel, de Ronald Reagan : " Si le gouvernement, un jour, silencieusement, fermait ses portes, si tous les bureaucrates quittaient sans bruit leurs grandes salles de marbre, il faudrait aux gens de ce pays un temps assez long pour commencer à se dire que quelque chose leur manque, ou même pour savoir que les bureaucrates sont partis. " Bien entendu, c'est de ne pas nous manquer que les politiciens ont peur. Et de l'intense sentiment de soulagement que nous éprouverions. De Ronald Reagan encore, à l'intention de tous les parasites d'Etat : " Descendez de mon dos et enlevez votre main de ma poche ! " De lui, encore : "Le gouvernement est comme un bébé. C'est un tube digestif avec de l'appétit à une extrémité et aucun sens des responsabilités à l'autre extrémité. " Ou encore : " Il y a des gens au gouvernement qui pensent à une réforme fiscale très simple. Sur la déclaration d'impôt, il n'y aura plus que deux lignes. Combien avez-vous gagné l'an dernier ? Envoyez le total. " Et pour qu'aucun bon gouvernant ne vienne remplacer les mauvais, ou bien encore pour que les mauvais gardent toutes leurs chances de chasser les bons, il y a la presse partiale et dévoyée. Voici l'adresse que ce grand homme lançait aux journalistes : "C'est mon travail de résoudre les problèmes du pays et c'est votre travail de faire en sorte que personne n'en sache rien. " La France est malade de trop d'Etat. Et l'Etat est malade de tous ceux qu'il veut faire vivre aux dépens d'autrui. S'il le fait, d'ailleurs, ce n'est pas par générosité mais parce qu'en augmentant sans cesse le nombre de ses obligés, il accroît dans la même proportion son pouvoir sur la société et la prospérité de ses dirigeants. Ce qu'il faut à la France, c'est un nouveau pouvoir politique respectueux de l'homme et de sa dignité et qui ne se veuille pas plus riche que les citoyens ordinaires. Un nouveau pouvoir en somme qui ferait siens les excellents principes énoncés par Ronald Reagan. Lequel avait trouvé son inspiration dans les uvres d'un économiste français du 19e siècle, célèbre aux Etats-Unis et ignoré en France des milieux officiels : Frédéric Bastiat. Enfant, Jacques Chirac a habité dans une rue de Paris qui porte le nom de Bastiat. Mais c'est un gouverneur de Californie devenu président des Etats-Unis qui s'est logé à cette enseigne. Il en a rendu son pays plus fort et plus heureux. A Chirac, il ne reste plus que la maréchaussée pour tenter de faire illusion et - qui sait ? - pour sceller son destin. Claude Reichman
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