Quand les socialistes voulaient renvoyer
les immigrés !
Au cours du long débat des primaires socialistes, jeudi 15 septembre, il ne
me semble pas avoir entendu l’un des six candidats évoquer, même de manière
allusive, un sujet qui préoccupe de nombreux Français, y compris dans leur
électorat: l’immigration.
Pourtant, les socialistes français n’ont pas toujours fermé les yeux sur
cette question. Il fut même un temps où certains d’entre eux ne mâchaient
pas leurs mots. Jacques Attali, dans Verbatim, tome I, page 217, rend compte
d’une discussion en Conseil des ministres le 28 avril 1982. Je cite
ci-dessous le passage du livre de Jacques Attali :
« Gaston Defferre (ministre de l’Intérieur) : Ils apportent la
délinquance, et la population va réagir, le racisme va se développer ; il
faut expulser les clandestins.
Charles Hernu (ministre de la Défense) : Chez moi, il y a des gens qui
s’arment…
Alain Savary abonde dans leur sens : L’école ne peut rester comme ça,
ouverte à tous les vents.
Jean-Pierre Chevènement proteste : Ce qui est dit ici conduit à glisser
sur la pente dangereuse d’un discours de droite.
François Mitterrand lit ostensiblement son courrier. En réalité il ne manque
pas une miette de la conversation.
Laurent Fabius demande que l’on distingue les étrangers en situation
régulière et les autres. Charles Fiterman ne veut pas d’un renvoi massif.
Algarade entre Gaston Defferre et Nicole Questiaux.
Gaston Defferre : Moi, je ne suis pas conseiller d’Etat et je n’habite
pas Neuilly.
Remarque très injuste. Nicole Questiaux en est profondément blessée.
D’autant plus que la plupart des ministres, et non des moindres, sourient.
Robert Badinter accepte l’idée d’un renvoi massif des immigrés en situation
illégale et la création de parcs administratifs de transit.
François Mitterrand est choqué : Parcs administratifs ? Pas question ! Il
faut intégrer les étrangers en situation régulière et être implacable avec
ceux qui essaient d’entrer illégalement. Il faut certes expulser beaucoup
plus les illégaux, mais pas de force.»
(Fin de citation)
Intéressant n’est-ce pas ? Ils étaient divisés mais, au moins, débattaient
sans états d’âme. Par la suite, dans les années 1980 et 1990, une sorte de
chape de pudibonderie est tombée sur le sujet, désormais le plus souvent
ignoré par la classe dirigeante, diabolisé, refoulé aux extrêmes.
Or cette question est vitale pour l’avenir d’une nation. Je n’ai jamais
compris, ni comment, ni pourquoi la question du contrôle, de la limitation
de l’immigration avait été maudite, érigée en tabou, en interdit, délaissée
aux seuls provocateurs ; et au contraire, la reconnaissance des bienfaits
sans nuance de l’immigration, hissée au rang de dogme idéologique digne
d’une société totalitaire.
Quand on fait venir, quand on laisse entrer à l’aveuglette des migrants sans
que leur soient assurés un travail honnête, légal, des conditions de
logement décentes, des infrastructures scolaires, sanitaires, sociales
adaptées à leurs familles et à leurs enfants, sans qu’eux-mêmes ne disposent
des bases linguistiques, culturelles, coutumières, nécessaires à leur
adaptation à un nouvel environnement, on répand les germes d’une
déstabilisation profonde de la société d’accueil.
C’est bien ce que voulait dire Gaston Defferre, entre parenthèses, un grand
chef et authentique, de la Résistance française.
Evidence ? Peut-être. Mais il est du devoir de tout homme public
responsable et courageux, qu’il soit de droite ou de gauche, intéressé par
autre chose que sa bobine dans les medias et son auréole de pureté, de le
dire malgré le risque de la diabolisation, et de tout mettre en œuvre pour
en tirer les conséquences.
Maxime Tandonnet
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