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19/6/12 Maxime Tandonnet
       On en a assez du baratin sur les « valeurs » !

Depuis la débâcle électorale de dimanche, l’essentiel des débats porte autour des « valeurs ». Je pense par exemple à Alain Juppé, en une du Monde : « L’UMP doit clarifier ses valeurs». Derrière ce message se profile bien entendu la condamnation d’une supposée connivence de la majorité sortante avec le FN. Ce discours, que répètent comme des perroquets tous les politiques de gauche et une partie de ceux de droite, me paraît étrangement décalé avec la réalité quotidienne.

En effet, les partis politiques n’ont pas pour vocation première de disserter sur les “valeurs” et de se substituer ainsi aux religions, aux autorités morales, aux philosophes. Leur rôle est par définition de concevoir des politiques et de les mettre en œuvre au service de leur pays. La politique signifie “le gouvernement de la cité”. Jongler avec les “valeurs” ou les symboles, de la part des politiciens, est une manière de fuir la décision politique.

Alain Juppé ajoute: “Notre rôle n’est pas de reproduire ce qui se dit sur les marchés.” Leur rôle est pourtant bien de travailler à régler les problèmes des Français, y compris ceux qui s’expriment sur les marchés. Il est tellement plus facile de se proclamer gourou des droits de l’homme que d’avoir à gouverner vraiment, à trancher et à assumer des responsabilités parfois douloureuses.

Les politiques, enfin ceux que nous voyons et entendons depuis dimanche soir, donnent le sentiment de n’avoir rien compris. Leur mission, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, est aujourd’hui d’agir ou de réfléchir à des solutions concrètes pour régler les problèmes que vivent les Français au quotidien, qu’eux, les politiques, ne veulent absolument pas voir et dont on parle sur les marchés : le chômage, la pauvreté, la dette, les zones de non droit, l’insécurité, l’immigration non maîtrisée qui condamne les quartiers et les collèges déjà les plus déshérités. L’enjeu fondamental tient à la prise en compte des réalités.

D’ailleurs, ils ne parlent de “valeurs” que pour dégager en touche, éviter les sujets qui fâchent. Ils confondent “valeurs” et “vaches sacrées”. Ils invoquent les “valeurs” pour éviter d’avoir à affronter les sujets tabous. Les vraies valeurs (le respect de la personne, des biens, des libertés d’autrui) sont menacées dès lors que les politiques refusent d’assumer leur responsabilité : le nihilisme, l’intolérance et la haine naissent du sentiment d’abandon. Si les citoyens sentent que leurs souffrances, leurs préoccupations, leurs malheurs sont pris au sérieux, les questions de valeurs ne se présenteront même pas.

Un taux d’abstention de 45% aux élections législatives, c’est du jamais vu ! Moins de 20% des Français ont manifesté une adhésion aux nouveaux dirigeants. Où va-t-on avec cela ? Ce dédain des urnes signifie que les Français ne croient plus en la démocratie ni en la politique.

J’aurais donc envie de dire aux politiques : faites votre boulot plutôt que d’ergoter sur les valeurs car c’est la meilleure façon pour vous de défendre et de faire triompher ces dernières.

Maxime Tandonnet


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