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22/4/23 | Claude Reichman |
Quand Macron cherche après Titine !
La chanson « Je cherche après Titine » a été composée en 1917 et a connu aussitôt le succès. Elle a franchi l’Atlantique, et Chaplin l’a chantée en 1936 dans « Les temps modernes ». Ce fut la première fois où il parla au cinéma. Puis d’autres interprètes, dont Yves Montand, la mirent à leur répertoire. Aujourd’hui, c’est au tour d’Emmanuel Macron de s’inscrire dans cette prestigieuse lignée d’artistes avec une version filmée et muette de la chanson. Il l’a interprétée le 21 avril dernier au sortir d’un restaurant. C’est une jeune internaute qui passait par là qui a mis cet évènement en ligne. Elle s’écrie d’abord « Je viens de croiser Brigitte Macron », puis on voit plusieurs hommes, dont Emmanuel Macron, courir à toutes jambes et notre internaute stupéfaite et amusée de leur lancer : « Vous cherchez Brigitte ? Ah ! Ah ! C’est Macron qui vient de passer ! ». Voilà, c’est tout le film. Bref, mais intense. Car il s’agit d’une crise au plus haut sommet de l’Etat. Le couple présidentiel dînait à son restaurant habituel, La Rotonde. Vers la fin du repas, Brigitte s’est absentée pour passer aux toilettes. Macron l’a attendue patiemment à la table. Puis, ne la voyant pas revenir, il a compris qu’elle avait en fait quitté seule le restaurant. Affolé, il a rameuté ses gardes du corps qui dînaient à une table voisine et les cinq hommes sont partis en courant pour rattraper Brigitte, craignant pour sa sécurité. La fuyarde fut bientôt mise à l’abri dans une des voitures d’escorte et ramenée à l’Elysée, tandis que son époux continuait à pied, ce qui le mena jusqu’au carrefour Saint-Placide où il rencontra des étudiants et chanta avec eux une chanson pyrénéenne, ce qu’on a vu sur toutes les chaînes de télévision. Que s’est-il passé entre Brigitte et Emmanuel ? Non pas une banale dispute de couple. Brigitte ne serait pas partie seule pour si peu. En fait les deux époux se sont affrontés au sujet de leur avenir présidentiel, si l’on veut bien admettre que Brigitte en est partie prenante depuis le début. Il n’est pas difficile de comprendre que l’entêtement d’Emmanuel, sa façon bravache de narguer le peuple, ses mots blessants inquiètent Brigitte au plus haut degré. Elle sait que les époux Macron courent un grand danger face à un peuple régicide. Et qu’il vaudrait mieux qu’Emmanuel la ramène un peu moins et calme le jeu en attendant des jours meilleurs. Ne parvenant pas à l’en convaincre, elle a choisi un geste dramatique et ô combien significatif en quittant seule le restaurant. Cela ne voulait pas dire « tu périras sans moi »…mais presque ! La France est plongée dans une crise politique majeure. En fait, elle ne veut plus de son président. Ce n’est certes pas la première fois, mais jamais aucun chef de l’Etat n’a connu un tel rejet. La raison en est non seulement la personnalité clivante d’Emmanuel Macron, mais aussi et surtout son impuissance à proposer aux Français des solutions crédibles et acceptables à leurs problèmes. On touche ici du doigt la fonction médiatrice et thaumaturgique d’un président français. Héritier d’un millénaire de monarchie, il n’est plus sacré à Reims mais n’en est pas moins revêtu des attributs que confère l’onction. Qui l’obligent à se comporte comme tel. Or Emmanuel Macron est resté un enfant gâté qui ne fait que ce qui lui plaît. Si les affaires de l’Etat marchaient convenablement, le peuple accepterait les caprices du souverain. Mais comme la France connaît une crise majeure d’adaptation au monde moderne, les citoyens sont à bout de patience et sont résolus à changer de président, pensant que celui-ci ne leur apportera jamais les apaisements et les satisfactions qu’ils attendent. Emmanuel a-t-il compris la leçon de Brigitte ? Les prochains jours nous le diront. Mais le fait d’avoir dû entonner « Je cherche après Titine » à la face du monde restera pour lui une véritable ordalie. Le peuple va savoir si son souverain a pu marcher sur des charbons ardents sans se brûler. L’examen des pieds va se faire sous le regard de tous. Car rien ne se fait aujourd’hui sans qu’un œil curieux n’observe la scène. Rendons grâce à notre jeune internaute. Sans elle, nous aurions dû attendre encore avant de savoir. L’histoire s’écrit par le ministère de témoins. Certains se sacrifient pour une vérité. La langue grecque appelle « martyrs » ces témoins. D’autres s’efforcent de relater les faits avec honnêteté. Mais les uns et les autres sont animés par la certitude que les hommes forment une communauté et que celle-ci mérite d’être respectée et traitée en adulte. Il arrive que, pour ce faire, on ait besoin de la jeunesse. Parfois excessive, celle-ci parle souvent avec une authenticité qui manque aux adultes. La jeune fille qui a vu Macron passer en courant est entrée dans l’histoire ! Claude Reichman
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