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14/1/18 Claude Reichman
     
                           Toutankhmacron !

L’accession d’un Emanuel Macron au pouvoir en France ne doit rien au hasard. La dérive dictatoriale de la Ve République ne pouvait que se poursuivre par l’arrivée d’un homme imbu de sa personne à un degré jusqu’ici inconnu parmi les politiciens dans notre pays et déterminé à y instaurer son culte.

La raison d’un tel accident historique dans un pays censé être une démocratie est précisément l’échec du régime politique instauré en 1945 et rectifié en 1958. Le communisme de 1945 ne pouvait se maintenir sans un Etat fort. Ce fut l’œuvre du général de Gaulle, qui n’avait pourtant nullement l’intention de servir le collectivisme, mais qui le fit en mettant au service de celui-ci une armée de technocrates résolus à installer leur pouvoir absolu.

L’échec du pouvoir technocratique français se lit dans les chiffres du déficit, de la dette et du chômage. Faute de réussir à contenter le peuple, ce pouvoir n’avait plus d’autre issue que de le réprimer encore plus. Il fit donc appel à Macron.

Le nouveau souverain savait parfaitement qu’il ne parviendrait à rien sans sacraliser son pouvoir et sa personne. Il tenta d’abord de le faire par la distance envers le cours quotidien des choses et lui. Ce fut sa phase qu’il appela « jupitérienne ». Elle se traduisit par une chute vertigineuse dans les sondages, car le peuple ne voyait plus que la dégradation de sa situation.

Il fallait d’urgence reprendre le contrôle des esprits. Du jour au lendemain, on passa à la présence permanente du souverain dans l’actualité. Macron du soir au matin sur toutes les chaînes de télévision et de radio, dans les quotidiens et dans les magazines, additionné des commentaires complaisants des journalistes. Les sondages s’améliorèrent. Mais la grogne du peuple ne disparut pas. La mort de son chanteur préféré créa un choc. On lui fit cortège en masse. Se voyant en foule, le peuple prit soudain conscience de sa force. Il se dispersa dignement, mais se promit en secret de revenir.

C’est alors que fut prise par le pouvoir la décision d’augmenter la répression. Elle prit pour commencer la forme d’un abaissement de la vitesse autorisée, sous le vertueux prétexte d’augmenter la sécurité des déplacements. Il ne s’agit en fait, à terme, que de les limiter, pour ensuite les interdire, comme dans toutes les dictatures où l’on n’a pas le droit de bouger sans autorisation, ou comme au beau temps du servage où le peuple était composé de manants, ce qui signifie qu’ils restent en place, attachés au lieu de leur résidence et à leur seigneur.

On passera bientôt aux phases suivantes. Elles se traduiront par un cortège incessant d’interdictions, dans tous les domaines et à tout propos. Il s’agira de faire sentir au peuple en permanence que la main du pouvoir est sur son cou et que le châtiment est possible à chaque instant.

La divinisation du souverain ira de pair. Un corps de grands prêtres est déjà en action. Ils officient dans tous les médias, où n’est admis aucun mal pensant, hormis ceux qui ont pignon sur rue et rehaussent par leur médiocrité la gloire du maître.

Il ne reste plus à ce dernier qu’à se baptiser roi ou empereur. Epris de pyramides, comme il le montra le soir de son élection, il choisira plutôt le titre de pharaon. Le peuple n'aura plus qu’à amasser et à dresser les pierres de son futur et pyramidal tombeau. Le destin de la France est désormais entre les mains de Toutankhmacron.

Les historiens se demandent encore comment un peuple civilisé comme le peuple allemand a pu sombrer dans le nazisme. Et voilà qu’un sujet de réflexion encore plus énigmatique se propose à eux : comment le peuple le plus intelligent de la terre, selon la réputation qu’on lui a faite, peut-il être en train de reculer à vive allure de trente-quatre siècles ?

Claude Reichman

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