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16/6/07

Claude Reichman

TVA sociale : Va-t-on laisser le Minotaure dévorer la France ?

C’est parce que la Sécurité sociale a un besoin éperdu de ressources supplémentaires que le nouveau pouvoir a lancé - bien imprudemment, car il n’aura fait que souligner l’urgence d’une vraie rupture - le débat sur la création d’une TVA sociale. Il ne s’agit en réalité de rien d’autre que de taxer davantage la consommation.

Concernant les baisses de prix qui pourraient résulter d’une diminution des cotisations sociales patronales, elles sont d’autant plus improbables que les entreprises françaises en ont déjà préempté le bénéfice afin d’améliorer leur taux de marge, qui en a effectivement besoin, comme l’a déclaré au Figaro la présidente du Medef, Mme Parisot. Quant aux produits importés, qui représentent plus de 40 % de la consommation en France, leurs prix de production n’auront évidemment aucune raison de baisser tandis que leurs prix de vente seront augmentés du montant de la TVA supplémentaire. Le résultat de cette mirobolante opération sera une forte hausse des prix entraînant une baisse de la consommation, qui est actuellement le seul facteur de croissance de l’économie française. Le tout pour donner quelques bouffées d’oxygène à une Sécurité sociale moribonde qui entraîne notre pays vers l’abîme.

On peut ajouter que la baisse des cotisations sociales patronales est un véritable hold-up sur les salaires. On oublie trop qu’il n’y a pas en réalité de « cotisations patronales ». Celles-ci ne sont que des éléments du salaire, prélevés par l’entreprise au profit des organismes sociaux et constituant un « salaire différé », versé ultérieurement sous forme de prestations de maladie et de vieillesse. Et c’est là qu’éclate une vérité qu’on veut à toute force dissimuler aux salariés français. Ils sont en réalité très convenablement payés, puisque leur rémunération se compose non seulement de leur salaire, mais aussi de ce qu’on leur prélève à titre personnel et patronal. Si leur salaire net est aujourd’hui si faible, c’est parce qu’on les force à acheter à prix d’or une protection sociale qu’ils pourraient acquérir pour bien moins cher aux prix du marché, ce qui accroîtrait fortement leur pouvoir d’achat et leur capacité d’épargne. Et pour les persuader qu’ils font ainsi une bonne affaire, on leur martèle l’antienne selon laquelle nous avons un système social « que le monde entier nous envie » !

L’Etat, en France, pèse environ 300 milliards d’euros. Dont près de la moitié est consacrée aux salaires et aux retraites des fonctionnaires. Autant dire que les marges de manœuvre sont réduites car il faudra des années pour obtenir les économies qui résulteraient d’une réduction du nombre des salariés de l’Etat. La protection sociale pèse, elle, 500 milliards d’euros. Et on peut obtenir des résultats immédiats et très substantiels en la rendant concurrentielle, comme le stipulent les lois votées mais non appliquées qui ont transposé les directives européennes sur l’assurance.

Avant de devenir président de la République, M. Sarkozy s’était engagé à les appliquer. Il ne lui reste plus qu’à le faire. Il n’a d’ailleurs le choix qu’entre cette solution et l’effondrement rapide de son pouvoir. Car la France ne lui pardonnera pas d’avoir, à juste titre, plaidé pour la valeur du travail et d’en laisser confisquer les fruits par le minotaure social, dont l’appétit de chair fraîche ne s’apaisera que par le glaive de Thésée.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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