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11/5/24 | Claude Reichman |
Qui sont les vrais fascistes ? « L’individu n’existe qu’autant qu’il fait partie de l’Etat et qu’il demeure subordonné aux nécessités de l’Etat. » En ces temps où l’on traite n’importe qui de fasciste, il est bon de se rappeler la phrase qui ouvre cet article et qui est de Mussolini, en qui l’on peut voir sinon l’inventeur du fascisme, du moins son plus célèbre acteur. Il n’a pas pour autant salué debout le public à la fin de la pièce, mais pendu par les pieds sur une place de Milan, non loin de la Scala. Tous les fascistes qui parviennent à gouverner leur pays s’exposent à un sort violent. Tout simplement parce qu’ils ne règnent que par la violence. Pourtant les habitants d’un pays n’adhèrent en général pas au fascisme par la contrainte, mais par cet entraînement qui fait de l’espèce humaine une parente des moutons. Et c’est le désordre qui les y pousse. Leur vie est dérangée par les mœurs ambiantes au point qu’ils préfèrent s’enrôler dans une bande fasciste plutôt que de craindre à chaque instant pour leur tranquillité. L’Etat devient leur tuteur et ses chefs leurs gardiens. La guerre n’est jamais très loin. Elle finit le plus souvent très mal pour les fascistes, parce qu’ils n’ont pas été capables, par nature, d’entraîner le peuple dans le combat et que celui-ci a été perdu face à la démocratie. C’est quand les choses vont mal dans un pays que le fascisme menace. Et surtout quand l’Etat prélève l’essentiel du produit de l’activité. Les fascistes n’ont plus alors qu’à prendre les commandes pour gouverner en dirigeant tout. L’exemple des nazis est évidemment le plus frappant. Ils n’ont eu aucun mal à s’imposer, une fois que le pouvoir leur a été donné. Il est bon de se souvenir que nazi est le diminutif de national-socialiste. Et que le socialisme est précisément la doctrine qui confère le pouvoir à la société, rejoignant ainsi le fascisme et même le précédant. Certes il y a des socialistes libertaires (mais jamais de fascistes libertaires), ce qui introduit de légères nuances dans l’analyse. Pour autant aucun socialisme libertaire n’a jamais pu s’imposer, la domination par la société n’admettant pas la liberté. Nous en arrivons donc au point final de notre démonstration, à savoir que le libéralisme, qui laisse à l’individu l’essentiel de son pouvoir sur sa vie, est le seul système qui puisse garantir la liberté et préserver la paix. Toute avancée de l’Etat hors de ses limites est dangereuse car elle a une irrépressible tendance à se poursuivre et donc à se terminer par un régime autoritaire. On mesure ainsi la dérive française, qui met notre pays au premier rang de ceux que menace le fascisme, parce qu’il a étendu le périmètre de l’Etat bien au-delà de ce qu’exige la démocratie. Si bien que l’insulte de fasciste lancée à des gens de droite est non seulement fausse, mais vient d’individus qui se réclament de la gauche et veulent accroître le pouvoir de l’Etat. Le général de Gaulle appelait cela une logomachie, c’est-à-dire un combat de mots. C’est dire à quel point la politique française est dénuée de sens et court vers des affrontements d’autant plus féroces qu’ils seront obscurs. « Quand les temps sont difficiles, il faut faire un dictionnaire », disait Confucius. Il ne s’agissait pas de se réfugier dans l’étude, mais de donner leur véritable sens aux mots. A cet égard, des leçons particulières seraient les bienvenues pour la plupart de nos acteurs politiques, à commencer par le président de la République. Comme celui-ci parle d’abondance, il est celui qui sème le plus le trouble. Mais au-delà de l’expression politique, les réalités économiques doivent s’imposer. On ne peut pas dépenser sans cesse en s’endettant sans qu’un jour le couperet de la faillite ne s’abatte. La France bénéficie actuellement de l’indulgence des agences de notation financière, mais cela ne durera pas. La France va de commémorations en cérémonies et oublie de travailler. Quel étrange bonheur nous nous sommes donné. Vivre d’illusions est une tendance humaine parmi les plus fortes. Il reste encore chez nous quelques gros bosseurs qu’on regarde avec un grand étonnement, quand on les regarde. « Il est bizarre, celui-là », dit-on d’eux. Eh oui, on en est là, dans cette France millénaire, terre agricole et de dur labeur. Avons-nous vraiment tout oublié ? Ce serait étrange, tant la mémoire est chevillée à l’âme. Mais les générations passent et emportent à leur semelle des pans de notre passé. Un peu de retenue dans l’insouciance ne détonerait pas. Au début du vingtième siècle, dans nos campagnes, on se prénommait encore Auguste ou Octave, souvenir des empereurs romains. Aujourd’hui, c’est Kevin et Matéo qui s’imposent paraît-il. Il faut y voir l’influence des nouvelles populations françaises. L’empire romain avait duré mille ans. Et avait duré mille ans de plus sa forme d’Orient. La France a duré aussi longtemps que l’empire romain. Quand celui-ci est mort à Byzance sous le siège des Ottomans, les citoyens ne se passionnaient que pour les courses de char. J’y pensais en voyant l’arrivée de la flamme olympique à Marseille. Claude Reichman
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