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19/11/11 | Jeremy Warner |
Faut-il se méfier des Anglais ?
La propension française à blâmer les spéculateurs anglo-saxons, en particulier ceux de Londres, à chaque fois que les politiciens perdent les pédales, est bien connue. Qu’importe les fondamentaux, si l'économie est frappée par une tempête, les marchés financiers sont invariablement les coupables. Tant que l'élargissement des « spreads » obligataires (écart de taux d’intérêt sur les bons du Trésor à 10 ans) de la zone euro était confiné à la périphérie, il était possible de blâmer les Grecs paresseux, les Italiens irresponsables et leur gouvernement pourri, pour les déboires de l'euro. Ils fournissaient eux-mêmes la preuve de leur culpabilité. Mais maintenant, le phénomène s'est propagé aux « spreads » français, et même à la puissante Allemagne, un ancien ennemi, a été identifié : le « spéculateur », qui, comme au bon vieux de temps de la piraterie, a trouvé refuge de l’autre côté de la Manche. Malheureusement, cet état d'esprit ne se limite plus à la France. Jamais loin de la surface, il imprègne à présent tous les esprits de la zone euro. Pour beaucoup, la non-participation de la Grande-Bretagne à la zone euro et sa forte association à l'industrie des services financiers, sont considérées comme une seule et même chose. C’est si profondément ancré dans les esprits de l’Europe continentale, que Volker Kauder, le chef du groupe parlementaire des chrétien-démocrates d'Angela Merkel, a déclaré, cette semaine, que si la Grande Bretagne est opposée à une taxe sur les transactions financières (1), c’est parce qu’elle tire 30 % de son PIB de la City. En fait, la place financière de Londres ne représente que 6 % du PIB, mais il ne convient jamais que les faits contredisent un vieux préjugé à notre égard. Il ya une mentalité désormais bien établie entre « eux et nous » qui déteint sur tous les aspects des relations européennes avec le Royaume-Uni. On pouvait certes s’attendre qu’avec une crise aussi grave que celle-ci, les nerfs de certains soient mis à rude épreuve. Mais comme le gouvernement britannique s’est mis en quatre pour soutenir l'euro dans la tempête financière, notre pays est considéré avec une hostilité et une méfiance croissante. Jeremy Warner Note du traducteur :
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