Les délires si français de Mme Lagarde !
Christine Lagarde a prononcé à Berlin un discours avertissant que, sans
une action décisive, le monde risquait une nouvelle Grande Dépression. Le
lendemain, le FMI a publié son estimation de croissance mondiale pour 2012 à
3,3% et averti que la crise de la dette de l'Europe pourrait faire couler
l'économie mondiale. Son discours alarmiste est une façon détournée de
demander une augmentation du Fonds.
«Un monde global a besoin de pare-feu mondiaux», a averti Mme
Lagarde, un discours que son auditoire avait probablement entendu plusieurs
années auparavant de la part des directeurs généraux du Fonds. (1) Mais ce
qui l’a vraiment emporté dans son discours est un plaidoyer pour accroître
le financement du F.M.I. «Nous estimons notre besoin global de
financement potentiel à un trillion de dollars", a-t-elle dit. «Pour
jouer son rôle, le FMI aurait besoin de mobiliser jusqu'à 500 milliards de
dollars en ressources de prêts supplémentaires.»
Les conseils prodigués par Mme Lagarde et ses collègues ne sont pas ceux que
l’on attendait. Elle a posé la question suivante : «Pourquoi l’année 2011
s'est-elle si mal passée ? », et elle a répondu en disant que c’était «un
manque de détermination collective à parvenir à une solution coopérative.»
C'est le contraire auquel on a assisté tout au long de la crise, tant au
niveau du ministère des Finances français que maintenant au sein du Fonds.
La réalité est que les véritables efforts de l'Europe afin d’ «atteindre une
solution coopérative» ont conduit à une succession de sommets dits de la
dernière chance de l’U.E. - nous avons depuis longtemps arrêté de les
compter - et qui ont produit des compromis mais jamais une résolution. Ces
échecs sont le résultat d'un mauvais diagnostic et de mauvais traitements,
tels que de confondre une crise de solvabilité avec un problème de
liquidité. (2)
Le dernier remue-méninges du FMI est d'amener les pays qui peuvent encore se
permettre de dépenser à le faire pour pallier les réductions des dépenses
dans des pays comme l'Italie et la Grèce, une sorte de keynésianisme
transfrontalier.
Mais comme la dégradation, la semaine dernière, par Standard & Poor’s du
Fonds européen de stabilité financière (F.E.S.F.) l’a montré, il y a une
limite pour les pays encore solvables en Europe. C'est d'autant plus vrai
que l'austérité fiscale imposée par le F.M.I. à ses clients les plus démunis
tue la croissance économique. Aucun plan d'austérité ne va résoudre les
malheurs de la dette italienne si son économie se contracte de 2,2% cette
année, comme le F.M.I. le prévoit à présent.
Dans son discours, Mme Lagarde a fait les hochements de tête obligés en
faveur d’une « forte croissance » et de « réformes structurelles », mais
elle est restée muette sur ce que ces réformes pourraient être (3), ou sur
ce qu'elles peuvent signifier pour le modèle européen tant vanté de
l’économie sociale de marché. Peut-être qu’un directeur général du F.M.I.
avec des idées claires sur ce qui fait croître une économie mériterait de la
remplacer. La première chose attendue d'un tel directeur serait de réduire
de moitié la taille du Fonds, et non pas de le doubler.
Wall Street Journal
Notes du traducteur :
(1) La répétition du message en faveur de plus d’argent levé auprès du
contribuable mondial n’est pas le fait du hasard avec la nomination de
Français à la présidence de cette organisation. Sur les onze présidents de
ce « machin » instauré en 1946 et qui sont tous européens par tradition,
cinq sont Français : Pierre Paul Schweitzer (1963-1973), Jacques de la
Rosière (1978-1987), Michel Camdessus (1987-2000), Dominique Strauss-Kahn
(2007-2011) et Christine Lagarde (2011- …) Sur les 66 ans d’existence de
cette organisation, 37 ans ont été sous l’ère d’un Français. Cela laisse
forcément des traces dans la maison.
(2) Une allusion à la Grèce et à l’erreur de diagnostic des dirigeants
européens que je n’ai cessé de souligner depuis le début de la crise
européenne en 2010. La Grèce entraîne par sa faillite
non déclarée la zone euro dans une longue période de stagnation économique.
(3) La crise européenne est une crise de l’Etat- providence financé à
crédit. Il faut tout simplement diminuer de moitié les dépenses publiques et
les réglementations pour relancer la croissance en Europe. Une chose dont ne
veulent pas entendre parler les Français, qui pensent que l’origine de la
crise provient d’une dérive de la finance. Tant que le diagnostic ne sera
pas établi, il n’y aura pas de cure possible et les Français éliront
toujours des présidents socialistes : qu’ils s’appellent Nicolas, Marine,
François et consorts ne changera absolument rien à notre avenir glauque.
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