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22/11/12 Wall Street Journal
                              Les Moody Blues

Si le déficit budgétaire permettait une relance de l’économie, la France serait la reine du monde.

La France a été dépouillée, lundi, de son triple A par l’agence Moody citant "la détérioration des perspectives économiques et les rigidités de longue date de son code du travail» et à cause de «son exposition à la périphérie de l'Europe." Et cela pourrait empirer: «Nous pourrions déclasser davantage la note de la France dans le cas d’une détérioration des perspectives économiques», explique Dietmar Hornung, l’analyste en chef de Moody pour la France.

Ne pensez pas que le gouvernement français s'alarme outre mesure ! Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a affirmé que le déclassement ne «remet pas en cause les fondamentaux de l'économie de notre pays. Nous n'avons jamais été fétichistes de l'avis des agences de notation qui ont tendance à être à la traîne des indicateurs économiques. » Néanmoins, les «fondamentaux» auxquels fait allusion M. Moscovici valent la peine d'être examinés de plus près.

En 1981, lorsque le gouvernement socialiste de François Mitterrand a pris ses fonctions, la dette nationale de la France s'élevait à 22% du PIB. Dans les années qui ont suivi, l'économie de la France a connu une croissance corrigée de l'inflation de 73%, tandis que la dette nationale est passée à 90% du PIB. Jamais au cours de ces trente et une dernières années, un gouvernement français n’a réussi à équilibrer un budget, et encore moins à produire un excédent. (1)

Tout cela nous ramène à l'un des mythes les plus tenaces de l'histoire économique. (2) Si le légendaire multiplicateur keynésien existait vraiment, toutes ces dépenses auraient dû se traduire par une croissance économique robuste pour la France. Au lieu de cela, la seule chose qui a été multipliée, c’est sa dette.

Maintenant, le président François Hollande se lamente que les coupes dans les dépenses exigées de lui par l'Union européenne vont tuer la croissance de son pays. Pourtant, si le déficit budgétaire était capable de stimuler l'économie, la France ne serait ni en train de regarder avec envie les chiffres de la croissance, de la dette et du chômage de sa voisine allemande, ni de trouver une excuse piteuse à une autre dégradation de ses perspectives économiques.

Wall Street Journal

Notes du traducteur

(1) Plus grave, le dernier équilibre budgétaire de la France remonte à 1973. Cela représente 39 ans et non pas 31 ans de laxisme budgétaire, comme l’indique le Wall Street Journal.

(2) M. Moscovici est passé par l’ENA où le multiplicateur keynésien reste la panacée de générations de hauts fonctionnaires qui régentent ce pays depuis 1974 avec l’accession au pouvoir de MM. Giscard et Chirac. Tout se tient…


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