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11/12/11 Wall Street Journal
        Un sommet de plus pour pas grand-chose !

Le script aurait pu être écrit par avance, avec les dirigeants européens se réunissant à Bruxelles dans une nouvelle tragi-comédie et retournant victorieux chez eux après avoir sauvé l’Europe.

Généralement parlant, la chancelière allemande Angela Merkel a obtenu ce qu’elle voulait : la dernière incantation de l'accord pour sauver l'euro implique la promesse faite par chacun d'être un peu plus allemand au sujet des dépenses, des déficits et de la dette. La plupart des détails restent à régler, mais sans une modification du traité de l'U.E., l'autorité légale fait toujours défaut.

Sur un plan positif, il n'y a pas de fonds de sauvetage en trillions d'euros (avec l'Allemagne payant inévitablement la majeure partie de celui-ci), et aucune promesse de la Banque centrale européenne de monétiser la dette de chacun, soit directement soit blanchie par l'intermédiaire du Fonds monétaire international. Le président de la B.C.E., Mario Draghi, mérite au moins un certain crédit pour avoir maintenu l’indépendance de la banque centrale.

La demande de Mme Merkel concernant la discipline budgétaire est également correcte, mais un accord qui offre à la Cour de justice européenne le rôle d'exécuteur est, pour le moins, amusant. Quel tribunal ira se frotter avec les syndicalistes italiens ou français ? Lorsque la rectitude politique allemande rencontrera la rue italienne, qui pensez-vous qui va gagner ?

Vous pourrez également chercher en vain une disposition portant sur le problème central de l'Europe, qui est la stagnation de la croissance économique. (1) Si vous croyez que les dépenses du gouvernement génèrent la croissance économique, alors la «discipline budgétaire» devient essentiellement une massue pour augmenter les impôts nécessaires à vos dépenses élevées. Cela va entraîner l'Europe dans une longue période de stagnation économique. Les Européens ont besoin de réduire leurs dépenses publiques et de réformer leurs systèmes de retraites. Mais en dehors de l'Allemagne, les autres dirigeants politiques ne veulent qu’un sauvetage par la B.C.E.

L'administration Obama a été particulièrement nuisible dans sa campagne tranquille en faveur d’une monétisation de la dette par la B.C.E. pour renflouer les États trop dépensiers et les banques. Cette ingérence américaine sape Mme Merkel et d'autres qui cherchent la réforme fiscale, tout en encourageant ceux qui pensent que la seule façon de s’en sortir est que la B.C.E. joue le rôle de prêteur en dernier ressort.

Nous souhaitons bonne chance aux Allemands pour obtenir un accord durable en échange d’un gros chèque, mais il y a une meilleure façon d’établir la discipline budgétaire. Ce serait de revenir à l'euro tel qu'il a été conçu à l'origine, avec des pays qui partagent une monnaie commune mais sont responsables de leurs propres politiques fiscales, y compris les conséquences d’un défaut de paiement. (2)

Cela nécessiterait que la France et l'Allemagne recapitalisent leurs banques en cas de défaut de paiement d’un pays de la zone euro. Les écarts de taux d'intérêt au sein de la zone euro continueraient à être plus larges qu'avant la crise, peut-être pour de nombreuses années, mais ce serait une forme de discipline budgétaire. Les « spreads » sont un système d'alerte précoce, sans avoir besoin d'une nouvelle bureaucratie pour faire respecter la discipline budgétaire.

Personne en Europe ne semble avoir l'estomac pour cela. Donc nous sommes coincés avec la succession de ces sommets de la « dernière chance » et la certitude d'une plus grande incertitude. Pendant ce temps, la discipline du marché d'Adam Smith impose impitoyablement sa propre solution. (3)

Wall Street Journal

Notes du traducteur :

(1) L’éditorial de la veille du Wall Street Journal a été consacré à ce sujet grave dont personne ne veut débattre en Europe. Il faut absolument que tous les prochains sommets de la « dernière chance » se fassent à Tallin en Estonie, le meilleur élève de l’Europe avec une croissance de 8.5% pour l’année 2011. Il n’est pas besoin d’aller en Chine pour prendre une leçon d’économie de marché. Tallin est à deux heures de vol de Paris seulement.

(2) Les « collectivistes » sont opposés à laisser jouer l’aléa moral. Sur l’ordre du capitaine français, ils ont condamné le sous-marin à un naufrage certain en laissant ouvert pour toujours les sas du bâtiment.

(3) C’est exactement ce que j’ai écrit il y a quelques jours dans la note (1) relative à l’article de Francesco Guerrera intitulé « Ne foirez-pas cette fois ci ! » Le marché est le meilleur garant de la discipline budgétaire à travers la hausse des taux d’intérêt. Les technocrates ne savent qu’inventer des usines à gaz qui fonctionnent très mal avec un coût astronomique pour le contribuable. Il n’y a rien à espérer de la caste omnisciente en France, qui a parfaitement réussi son clonage à la commission de Bruxelles. Le « constructivisme » veut toujours imposer sa loi au marché. On verra bientôt qui va gagner le bras de fer. Les paris sont lancés.





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