François Hollande :
"Ça ne coûte rien, c’est l'Etat qui paie !"
Le président François Hollande avait espéré un rebond dans les sondages en
se présentant sur un plateau de télévision. Mais il a complètement échoué.
Pour ce qui concerne les emplois aidés, il a surpris son auditoire par une
logique aberrante.
Ce devait être un choc de libération pour une remontée dans les sondages
d’opinion et asseoir son autorité de chef d’Etat. Au cours d’un entretien
télévisé de deux heures, le président François Hollande a tenté, à la moitié
de son mandat, de reconquérir le cœur de ses compatriotes. Toutefois, sa
prestation s’est avérée complètement ratée parce qu’il avait l'air tendu et
crispé. "Pendant deux ans et demi, je me suis accroché fermement",
a-t-il dit au début de son intervention télévisée, qui est la plus
importante depuis l'année dernière. Il s’est enfermé dans la défensive
pendant une bonne partie de l’interview alors que son conseiller en
communication avait tout préparé dans les moindres détails et lui avait même
réservé le meilleur temps d'antenne sur TF1, la plus grande chaîne de
télévision française. Cette apparition du chef de l’Etat est celle que l’on
voit dans un pays totalitaire, mais elle est traditionnellement bien perçue
des Français. (1) Pour assurer la proximité du chef de l’Etat avec le
peuple, la chaîne de télévision avait trié sur le volet quatre citoyens pour
lui poser des questions.
Je suis une personne normale avec un cœur !
Néanmoins, l’un des trois présentateurs a tenté de lui poser une question
sur sa vie privée. Le sexagénaire s’est réfugié derrière sa fonction. «Je
suis président et je dois assurer une retenue concernant ma vie privée
», a-t-il répondu à la question impertinente. Il faut respecter la vie
privée. Beaucoup de Français considèrent néanmoins qu’il est un goujat. Il a
annoncé sa séparation avec son ex-compagne Valérie Trierweiler par un
communiqué de presse après la divulgation de sa liaison amoureuse avec
l'actrice Julie Gayet. Depuis cet esclandre, il écarte toutes les questions
sur sa vie privée. « Je ne demande pas que l’on porte un jugement moins
sévère à l’égard de ma conduite », dit-il maintenant en allusion aux
photos de paparazzi dans cette affaire devenue publique. « Je suis une
personne normale avec un cœur », a-t-il protesté. (2) Naturellement, il
préfère les compliments aux grossièretés de la presse de caniveau. «J'accepte
toute forme de critique, j'accepte aussi la trahison, mais ce que je
n'accepterai jamais, c’est le dénigrement systématique de la France ! »
Parce que la France serait encore une grande nation universellement admirée
? Chaque fois qu'un problème se pose à lui, il éprouve le besoin
irrésistible de se draper dans l’étendard de la mère patrie.
Toutefois, Hollande feint d’ignorer que son pays est vertement critiqué en
raison de son déficit budgétaire élevé par l’immense majorité de ses
partenaires européens. Parce que la limite de 3% du déficit du budget de la
France a été reportée en 2017 alors qu’il avait promis de le faire dès 2013
par la voix fanfaronne de son ministre des finances Pierre Moscovici. La
Commission européenne a même averti que le déficit de la deuxième plus
grande économie de la zone euro est susceptible d'augmenter à 4,7% en 2016 à
politique inchangée. Hollande a même eu l’audace de déclarer que la France
serait la première économie de la zone euro dans dix ans. (3) «Mon
objectif est de rendre la France plus forte et meilleure », a-t-il
affirmé. « Je vais continuer à réformer mon pays au cours des deux ans et
demi qui me restent.»
Cet objectif ambitieux restera lettre morte parce qu’il a peur de la
confrontation avec l'aile gauche du parti socialiste qui rejette la
réduction du déficit budgétaire et les réformes structurelles. (4) Bien
qu'il ait fait quelques pas timides dans la bonne direction avec son pacte
de responsabilité afin d’améliorer la compétitivité de l’économie française,
d'autres réformes plus fondamentales sont nécessaires pour remettre la
France sur les rails.
Le chômage augmente toujours
Son pays file un mauvais coton. La croissance est cassée, l'humeur est
morose et le taux de chômage est toujours à la hausse. La raison, c’est que
Hollande a complètement ignoré la réalité économique de son pays en prenant
ses fonctions en mai 2012. Il a invoqué la théorie des cycles économiques et
il a escompté que la reprise économique mondiale l'aiderait à résoudre les
problèmes de la France. (5)
Toutefois, il n’a pas compris à quel point la France est malade. Plutôt que
de réduire drastiquement les dépenses publiques, il a préféré augmenter
fortement les impôts des ménages les plus productifs. Ainsi il a tué dans
l’œuf le peu de croissance potentielle qui restait dans ce pays. (6)
Hollande concède qu'il a eu tort de promettre d'inverser la courbe du
chômage d'ici la fin de 2013, mais qu’il n’a été ni aveugle ni trop
optimiste. Sa profession de foi de réduire le chômage n’est pas vraiment sa
priorité. Ce qui compte pour lui c’est de se représenter à l'élection
présidentielle en 2017. Cependant, il a esquivé la question de sa
candidature en disant : « Il y a des gens qui sont candidats à tout et
pour tout et moi je suis seulement président.»
Face aux quatre citoyens qui étaient autorisés à lui poser des questions, le
président s’est réfugié dans un rôle qui n’est pas le sien. C’est ce qu’il a
fait avec Joëlle Mediavilla, une chômeuse de soixante ans, en la traitant
comme une collègue de bureau. «Qu'avez-vous fait avant ? Combien de temps
avez-vous travaillé ? L’agence de l’emploi vous a-t-elle fait une
proposition ?» Puis il a essayé de la réconforter d’une manière
indélicate en lui disant « Vous n'êtes pas
seule», faisant allusion aux 800 000 personnes âgées qui sont au
chômage.
Il n’y a guère de travail pour les vieux en France
Avec un taux d'emploi de 46 % pour les gens âgés de plus de 55 ans, la
France est à la traîne parmi les Etats européens. Hollande renâcle à
s’intéresser au sort des vieux en faisant de véritables réformes du marché
du travail. Il a annoncé l’introduction, pour l’année prochaine, d’emplois
subventionnés par l'Etat pour les personnes âgées. Pour lutter contre le
chômage des jeunes, il a également promis la création de 15.000 emplois
d’avenir supplémentaires. A l'objection d'un journaliste concernant le
coût financier de l’opération, Hollande a balayé le propos d’un revers de
main en déclarant : «Ça ne coûte rien, c’est l'Etat qui paie !» (7)
Ce n’est pas le seul moment où le public a eu du mal à suivre la logique de
Hollande. Par exemple, il a expliqué que Mme Merkel lui aurait confié
récemment que l'Allemagne allait perdre cinq millions d'emplois à cause du
vieillissement de sa population. « En revanche, la population de la
France augmente, de sorte qu'elle deviendra le pays le plus peuplé d'Europe
dans les années à venir », a assuré Hollande. Avec une logique qui
échappe à notre entendement, il semble en déduire que les postes de travail
détruits en Allemagne seraient automatiquement transférés à la France qui
connaît une forte croissance démographique. Il est permis de rêver.
Gesche Wupper
Notes du traducteur
(1) La journaliste allemande a raison de comparer la France à un régime
totalitaire car la profession journalistique n’est pas plus indépendante que
la justice de notre pays. Mais il y a une dimension historique qui lui
échappe. Le président de la République est considéré comme un monarque dans
notre nation, qui ne s’est jamais vraiment remise de la disparition de
l’Ancien Régime. L’image du président est celle d’un souverain attentif et
protecteur ; d’où l’attente des Français quelle que soit la qualité du
locataire de l’Elysée.
(2) Hollande veut cultiver son image de type ordinaire mais qui est
démentie par les révélations de son ex-compagne, Valérie Trierweiler, dans
son livre «Merci pour ce bon moment» dont voici quelques extraits. «Il
s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le
président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé « les
sans-dents, » très fier de son trait d’humour. […] Il lui faut toujours le
meilleur, rien que le meilleur. Il aime les grands restaurants quand je
préfère les bistrots, les grand hôtels quand moi je suis heureuse dans les
petites auberges. […] Il ne mange pas mes fraises si elles ne sont pas des
garriguettes, ne goûte pas aux pommes de terre si elles ne proviennent pas
de Noirmoutier, et met directement à la poubelle la viande si elle est sous
vide. »
(3) La prophétie de Hollande repose sur l’hypothèse que la France sera la
nation la plus peuplée d’Europe. Mais démographie ne rime pas avec richesse,
surtout si l’accroissement de la population est la conséquence d’une
immigration massive de gens analphabètes.
(4) Vals vitupère et Hollande mise toujours sur la concertation pour
parvenir à des réformes insignifiantes. C’est la pression du marché
obligataire qui va forcer le rythme des réformes en France. Après six années
de politique monétaire très accommodante, la Federal Reserve Bank a
annoncé la fin de son programme hétérodoxe de Quantitative Easing.
Conséquence néfaste pour la France, le taux directeur de la Fed qui était
bloqué à zéro depuis 2008 va regrimper en 2015. La zone euro sera contrainte
de suivre cette hausse et la marge de manœuvre de la France en sera
fortement réduite.
(5) Comme ses anciens camarades de l’ENA, Hollande est un adepte du
keynésianisme (politique de relance de l’économie par la dépense publique),
sauf que cela ne marche que pour l’Amérique, qui dispose du dollar, la
monnaie internationale, pour faire tourner la planche à billet. Pour qu’une
relance profite à la France, il faudrait instaurer un régime autarcique
comme en Corée du Nord. Dans le classement des libertés économiques en 2013,
établi par la fondation Heritage, la France arrive en
soixante-dixième position sur les 178 pays de la planète. Elle est à
mi-chemin entre le champion Hong Kong et la Corée du Nord. (source :
https://www.heritage.org/index/ranking )
(6) C’est la politique d’ajustement menée par tous les pays en
difficulté. La France ne sait pas se réformer en douceur. En raison des
traumatismes importants qu’elle a subis au cours de sa tumultueuse histoire
depuis la césure de 1789, seul un grand choc (faillite) ou une catastrophe
(invasion du territoire dans le style du 10 mai 1940) pourraient la faire
bouger.
(7) «Ça ne coûte rien, c’est l'Etat qui paie !» Cette phrase est
sujette à deux interprétations. Soit Hollande est un economicus
ignorasmus malgré ses diplômes (HEC + IEP Paris + ENA), soit il s’agit
d’une volonté de ne s’adresser qu’à son électorat de base qui ne paie pas
d’impôt sur le revenu. Dans les deux cas, c’est une faute impardonnable.
C’est d’abord une insulte à la moitié des ménages français qui payent cet
impôt. Ensuite, c’est une insulte à l’intelligence de notre nation par celui
qui ose proclamer qu’il la défend contre toutes les attaques dont elle fait
l’objet.
La seule sanction envisageable pour son incompétence notoire, c’est son
départ volontaire ou forcé dans les meilleurs délais. Pour régler cette
énième crise institutionnelle, l’adoption d’une monarchie parlementaire, à
l’instar d’autres nations européennes, permettrait de refermer la plaie de
1789 dont notre nation ne s’est jamais remise. Une étude du Peterson
Institute va dans ce sens en suggérant la suppression du régime présidentiel
en France. https://www.piie.com
|