www.claudereichman.com |
A la une |
13/3/09 | Laurence Boone |
La zone euro à l’épreuve de la crise La crise financière qui se prolonge maintenant en crise réelle est en train de tester sévèrement la cohésion de la zone euro. Est-ce la fin de la monnaie unique ? On peut imaginer deux scénarios à la fin de l'euro : les pays, les uns
après les autres, sortent de l'union monétaire pour dévaluer leur monnaie ou
la zone dans son ensemble traverse de telles difficultés, par exemple une
série de défauts de ses Etats membres, qu'elle renonce à l'union monétaire. Si un scénario de retrait des pays semble écarté, l'état des finances publiques de certains pays de la zone a réveillé les craintes du scénario 2 sur la viabilité de l'union monétaire. Les finances des Etats sont mises à mal par la récession, qui augmente les déficits et donc la dette (en moyenne d'au moins 10 % du PIB pour les pays qui ont traversé une crise bancaire d'après le FMI, Laeven et Valencia, 2008), et par la crise financière qui a conduit les Etats à mettre en place des garanties en faveur des banques (en moyenne 20 % de PIB dans la plupart des pays de la zone euro). En outre, certains pays affichaient déjà avant la crise un endettement public important, encore alourdi par un déficit de leur balance courante, comme par exemple l'Espagne, la Grèce, ou l'Irlande notamment. Enfin, certains Etats sont entrés dans la crise avec une dette publique dépassant déjà les 60 % du PIB. Au total, les besoins de financement des Etats ont lourdement augmenté, passant de 647 milliards d'euros pour la zone euro en 2008 à 730 milliards d'euros en 2009 (estimations Barclays Capital en décembre 2008). Les marchés s'inquiètent donc de la hausse importante des engagements publics et de leurs besoins de financement courants dans un contexte où la liquidité est rare. Cela se traduit par des primes de risque en hausse et différenciées selon les pays au point que les conditions de financement du fonctionnement de certains Etats apparaissent plus difficiles. Les coûts qu'entraînerait le défaut d'un des pays de la zone euro sont de
deux ordres. D'une part, l'expérience montre qu'un défaut, doublé d'une
crise bancaire, entraîne une chute de l'activité économique d'autant plus
importante que les bilans des banques du pays concerné contiennent beaucoup
d'emprunts souverains de ce pays - ce qui est vraisemblablement le cas pour
nombre de petits pays de la zone euro. Leur capacité de prêt est alors
drastiquement réduite. D'autre part, les risques d'un effet domino sur
l'ensemble des pays de la zone euro aux finances publiques fragilisées est
non négligeable, comme l'ont montré les diverses crises monétaires de la
période pré-euro, au début des années 1990 (la livre sterling, l'escudo
portugais, le franc français, la lire italienne avaient fait tour à tour
l'objet d'attaques spéculatives). C'est alors l'ensemble des pays de la zone
euro qui serait malmené, avec des coûts d'endettement plus élevés et
possiblement un euro attaqué. Un tel enchaînement risquerait de réveiller
les craintes sur la viabilité de la monnaie unique.
|