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17/8/24 | Claude Reichman |
Les Jeux olympiques n’auront été qu’une grande fête réussie. Y voir un signe d’amélioration de la situation française est faire preuve d’aveuglement. Le pouvoir était évidemment à la recherche de manifestations encourageantes. Il les a eues, mais n’en tirera qu’un bénéfice passager. Les problèmes demeurent. Si vous mettez la capitale du pays en état de siège pour assurer la sécurité et que vous sommez la France entière de regarder le spectacle, vous avez une quinzaine magique où tout paraît aller bien et où les gens s’aiment et sont heureux. Tant mieux. Les bons moments sont toujours à prendre. La leçon peut être interprétée dans le sens inverse : ce qui a bien marché est précisément ce qui, en temps ordinaire, ne marche pas. On sait très bien que la sécurité n’est pas assurée en France, que la vie économique n’est en rien un déroulement harmonieux, et que la société est secouée par la contestation fondamentale, de la part de certains de ses membres, des principes qui l’ont bâtie et qu’elle respecte en majorité. Autrement dit, la France est en danger. La leçon majeure qu’on peut tirer de cette quinzaine réussie est que la France dispose d’une administration exécutive efficace, mais que la conception de notre politique souffre d’une totale inadaptation aux évolutions du monde moderne. Qui conçoit la politique ? Les penseurs et les élus. En France, les penseurs sont fonctionnaires car professeurs d’université. Quant aux élus, ils sont sous la coupe de directions constituées d’énarques, c’est-à-dire de fonctionnaires. Il est aisé de comprendre que rien de nouveau ne peut naître de ces gens-là. Ajoutons que les médias sont la propriété soit de l’Etat, soit d’industriels travaillant avec l’Etat. Ce blocage doit absolument être levé si nous ne voulons pas que notre
pays sombre au plus profond de l’abîme historique. On peut rêver d’une
révolution pacifique qui ouvrirait la porte des responsabilités au peuple.
La chose est plus facile à dire qu’à faire. Car l’organisation de l’Etat est
si complexe que seuls des individus formés à ce type de fonctionnement
peuvent l’assumer. Il en résulte que la seule façon d’obtenir un changement
consiste à changer le périmètre de l’Etat, afin de rendre à la société
civile, autrement dit aux particuliers, nombre de prérogatives détenues par
l’Etat. Cette véritable révolution aura l’immense mérite de transformer les millions d’assurés sociaux en hommes libres. Et leur donnera le goût d’entreprendre, d’innover, et surtout de remettre en cause des habitudes délétères fondées sur l’irresponsabilité. La politique ressentira aussitôt les bienfaits de ce changement radical des mentalités. Elle redeviendra le champ du possible, au lieu de n’être qu’une morne plaine à l’horizon bouché. La chance française est dans cette évolution. Nous savons que notre peuple a d’immenses capacités qui ne demandent qu’à s’épanouir. Elles ont été méthodiquement bridées par l’organisation administrative du pays afin de se réserver le pouvoir. On voit le résultat. Il est catastrophique. L’espoir a déserté notre pays et ne renaît que par brefs et illusoires épisodes, comme ces Jeux olympique qu’on a trop présentés comme un évènement mondial, alors qu’ils n’étaient qu’un grand spectacle de plus pour les télévisions. Les êtres humains aspirent tous à la liberté, et une petite fraction d’entre eux n’aspire qu’à commander. Il faut les tenir en respect, non par goût de l’anarchie mais par prudence, car le chef a souvent tôt fait de se transformer en tyran. Les Français qui ont rédigé la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen avaient réfléchi depuis longtemps à cette révolution qu’ils portaient en eux. Ils l’ont faite et aussitôt perdue. Mais elle vit toujours dans nos esprits. Et ne demande qu’à se réaliser enfin. L’Etat français n’est pas sans mérites. Il a su réaliser la fusion de nos provinces et l’unité de nos institutions. Mais il n’a pas su prendre conscience des évolutions de la société. Aujourd’hui, l’Etat est devenu l’adversaire des citoyens. Il faut le rendre à sa véritable mission, qui est de protéger la nation. Le reste, restituons-le aux Français. Ils sauront parfaitement ce qu’ils ont à faire. En résumé, être libres et heureux ! Claude Reichman
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